• Raffaele FABRETTI

     


    (Raphaël - Raphaelis - Raffaele - Rafaelle - Raffaelle - Raffaello ) (Fabretti - Fabretto - Fabrettus - Fabbretti)

    Raphaël, de l’hébreu "Dieu nous guérit", l’un des sept piliers de la création, a refusé, avec Gabriel et Michel, de suivre Lucifer.
    Dans le Coran, annoncera le Jugement Dernier.
    Dispensateur des dons du Saint Esprit. Envoyé par Dieu guérir la cécité du père de Tobie et l’aider à rencontrer Sarah
    pour assurer
    la descendance d’Abraham.
    Fêté depuis le XIIe siècle, l’Église l'honore le 24 octobre comme patron des "voyageurs sur terre, mer et dans les airs", aveugles
    et/ou malades, médecins, pharmaciens, amoureux, bergers, voyageurs, jeunes, et est invoqué pour ne pas faire de cauchemars

    et guérir des maladies des yeux.

    Monsignore Raffaele Fabretti, Archevêque de l’Archidiocèse d’Urbino, est le plus ancien personnage de la saga Fabretti,
    le plus illustre par l’intensité de vie et la qualité de l’œuvre, considéré comme l'un des plus importants épigraphiste du XVIIe siècle
    et l'un des pères de l'archéologie chrétienne.

    Évêque : Prélat chargé de la direction spirituelle d'une circonscription territoriale réglée à l'origine sur les diocèses
    de l'administration romaine et comprenant un certain nombre de paroisses.

    Les évêques ont le titre de Monseigneur
    Archevêque : Prélat ayant un certain nombre d'évêques pour suffragants
    Suffragant : se dit des évêques à l'égard du métropolitain dont ils dépendent
    Archidiocèse : circonscription ecclésiastique placée sous la responsabilité d’un archevêque
    Diocèse : circonscription administrative établie en Asie mineure par les Romains. Plus tard sous-division de l'empire romain,
    sous Constantin, gouvernée par un vicaire

    Étendue de pays sous la juridiction d'un évêque
    Vicaire : Adjoint à un supérieur pour le remplacer en certaines fonctions. Terme d'antiquité.
    Gouverneur d'un diocèse, qui exerçait son autorité au nom des préfets du prétoire

    Ecclésiastique qui assiste un évêque ou un curé dans ses fonctions
    Paroisse : Circonscription dans laquelle un curé dirige le spirituel.

    Né en mai 1620 de Gaspare dans une famille noble d’Urbino (Marches), dont le Duché devient peu après province
    des États Pontificaux, destiné n’étant pas l’ainé aux lettres et jurisprudence, il étudie les belles-lettres grec et latin à Cagli,
    revient pour le droit dans sa ville où il passe le degré de docteur à 18 ans (1639).

    LES MARCHES
    Au centre de l'Italie, entre les Appenins et la côte Adriatique, une très petite région touristique connue, les Marches
    -d'un antique mot allemand signifiant "pays le long de la frontière" (Saint Empire Romain)- doucement vallonnée de la mer
    à la montagne, entre dans l'histoire -bien que l'on retrouve des traces d'il y a 100 000 ans- au IXe siècle av. J-C avec les "Picenus", peuple d'origine controversée installé dans le sud de la région en ayant suivi un oiseau sacré, un pic. Divisés en tribus indépendantes avec leurs propres langues, ils étaient incapables de former une administration politique.
    Soumis par les Athéniens en 395 av. J-C, la seule mémoire de ce peuple est la ville d'Ascoli Picenno.
    Les Marches en 295 av. J-C intègrent l’Empire Romain qui construit des routes, toujours utilisées, afin d'unir les états satellites
    à Rome. Les Marches sont un pluriel à cause du nom des fiefs des nobles. "La Pax Romanum" dure plus de 300 ans
    jusqu'à l'invasion des Goths, puis l'exarchate byzantin, et Charlemagne vers la fin du VIIIe siècle.
    Partie des États Papaux, le territoire est entre les mains de seigneurs locaux et les villes principales règnent en communes libres.
    Au XIIe siècle la commune d'Ancona résiste aux autorités impériales de Frederick Barbarossa et de la République de Venise.
    Les Marches sont gouvernées par des moines et prêtres qui construisent de nombreux monastères et cathédrales sur tout le territoire, lieux de prière  d'art et de gouvernement.
    La Renaissance voit la région se déchirer entre les familles aristocratiques rivales, les maisons de Malatesta de Rimini et de Fano,
    et Montefeltro d'Urbino. Au XVIe siècle elle est encore partie des États Papaux . La dernière entité indépendante, le duché d'Urbino,
    est dissoute en 1631, la République d'Ancona (1797) est créée pendant la période napoléonienne, puis la région fusionne

    avec la République romaine, le Royaume d’Italie (1808-1813) et le 4 novembre 1860 est annexée au Royaume unifié d'Italie
    par un plébiscite.
    L'Église perd son pouvoir, mais les édifices religieux sont toujours classés comme musées eu égard aux objets d'art
    des plus importants trouvés en leurs murs.
    Les Marches sont surtout formées de communautés rurales (principalement agriculture et pêche). L'équipement moderne
    n'est pas accepté, et jusqu'à 1965, il n'était pas inhabituel de voir dans un champ une charrue en bois tirée par des vaches,
    maintenant un rituel de vie lent.
    Le territoire Marchigiano, divisé en cinq provinces -Ancona, Ascoli Piceno, Fermo, Macerata, Pesaro e Urbino- jouxte au nord-ouest
    la République de Saint Marin, au nord l'Émilie Romagne, à l'est la Mer Adriatique, au sud les Abruzzes et le Lazio,
    à l'ouest l'Ombrie et la Toscane.
    Le port d'Ancona fonctionnait en système traditionnel de mezzadria, les produits étant également divisés entre propriétaires
    et cultivateurs de la terre, à cause du sol improductif et du terrain difficile.
    Puis les Marches développent les secteurs industriels des chaussures, papier, meubles, construction navale, fournissant
    un grand contingent de marins à la marine italienne.

    URBINO
    L'antique Urbinum Mataurense, dont l'emplacement des murs peut encore être tracé, et ses environs sont riches en inscriptions. Détenue par les Goths, sous Pépin partie du domaine pontifical, elle devient commune au XIe siècle. Elle prend de l’importance, devenant capitale du Comté de Montefeltre. En 1213 Bonconte de Montefeltro est élu podestà d'Urbino, mais les habitants
    se rebellent, formant une alliance avec la commune de Rimini (1228), et en 1234 deviennent maîtres de la cité.
    Eux et leurs descendants furent les chefs des Gibelins (parti politique, partisan de l’Empereur dans les luttes qui opposèrent
    l’Empire et la Papauté aux XIIIe et XIVe siècles). Federico I (1296-1322) augmenta le domaine, mais les taxes exorbitantes provoquèrent
    son assassinat et la cité reconnut la suprématie papale.
    La ville d'aspect médiéval, aux rues étroites et tordues, située sur une colline entre les vallées de Metaurus et de Foglia,
    dans une région montagneuse mais cultivée, est dominée par le palais ducal érigé par Luciano da Laurana, architecte de Dalmatie,
    de 1460 à 1482. Considéré par les contemporains comme la résidence idéale, sa cour est la plus belle de la Renaissance,
    excepté peut-être celle du Cancelleria à Rome. Il contient la collection d'inscriptions antiques constituée par Raffaele Fabretti,
    acquise par le cardinal Stoppani , gouverneur d’Urbino sous Benoît XIV (1740).
    Urbino a une université libre fondée en 1564 avec des facultés de droit, mathématiques-physique, une école de pharmacie
    et obstétrique, et un hôpital fondé en 1265.
    Elle est un des premiers centres d'activité d'art et littérature en Italie. Piero della Francesca y a écrit son travail
    sur la science de la perspective.
    Au XVIe siècle l'état d'Urbino est un des principaux centres de production de la majolique, la plupart des pièces les plus fines
    étant destinées aux ducs.
    Parmi les noms distingués de la ville, lieu de naissance du Pape Clément XI, notons Bramante, le plus grand architecte de son temps.
    La modeste maison de Raffaele est maintenant propriété d'une société des artistes, formant un musée de ses gravures
    et autres travaux. Un monument lui a été érigé sur la piazza en 1897.
    Le théâtre est un des premiers d'Italie ; la première comédie italienne du cardinal Na Bibbiena et Raphaël y a été exécutée.
    La magnifique bibliothèque réunie par le Montefeltro et des ducs de Della Rovere
    a été transférée à la bibliothèque du Vatican en 1657. La ville a fabriqué de la soie, de la majolique et des briques.

    CAGLI
    Cale Umbra, au confluent des Bosso et Burano, sur les flancs du Mont Petrano, remonte au IVe s av. J.C. Contrôlée par les Romains puis les Byzantins, fortification au VIe s comme Gubbio, Urbino, Fossombrone et Jesi de la Pentapole de montagne, offerte en don
    par Pépin le Bref à l'Église romaine en 756, cité libre au XIIe s, en partie détruite par un incendie lors du conflit entre Guelfes
    et Gibelins par ces derniers, reconstruite en 1287 sur le plateau, englobant le bourg préexistant (plan orthogonal de la Cité idéale), incorporée au duché d'Urbino (pacte avec le Seigneur sur un pied d’égalité), elle devient centre florissant (laine, soie, tanneries).
    Son destin la lie aux États Pontificaux, et en 1860 elle est annexée au Royaume d'Italie.
    Cette ville fortifiée, austère, aux monuments sévères et compacts, offre un magnifique panorama sur les Apennins verdoyants.
    Francesco di Giorgio Martini y édifie en 1481 une imposante forteresse rhomboïdale (démantelée en 1502), reliée
    par un passage secret "soccorso coverto" au donjon massif "il torrione della Rocca", bien conservé, qui expérimentait des solutions innovatrices pour faire face aux armes à feu. Le Centre de sculpture contemporaine y a son siège.
    Restructuration du Palais Public médiéval du XIIIe s (Hôtel de Ville et Musée archéologique) et transformations d'anciens édifices
    sont réalisées à la même époque.

    - Chiesa San Francesco (1234), autour de laquelle Cagli fut reconstruite : portail de marbre avec architrave à emboîtement,
    colonnes torses lancéolées, chouette stylisée de 1348.
    Fresques remarquables du XIVe s, crucifix processionnel en bois du XVe, retable de 1540.
    - Église de Saint Dominique (1289). Les œuvres principales sont de Giovanni Santi, père de Raphaël : à côté du trône
    de la Sainte Vierge, l'ange qui tourne son regard au-delà de la scène serait le portrait de Raphaël enfant, le visage
    de Saint Jean Baptiste, l’autoportrait du peintre
    - Le Théâtre communal, inauguré en 1878 avec l’œuvre "le Violon du Diable" de Mercuri a un rideau représentant
    Frédéric Barberousse campant aux alentours de la ville en 1162.
    Les compagnies y préparent et répètent les spectacles joués dans les théâtres les plus importants d’Italie
    - Le Pont Mallio, une des œuvres romaines les plus imposantes de la Via Flaminia, construit en "pierres sèches" avec de grands blocs supérieurs au mètre cube en “breccione” (blocaille), pierre “grigna”.
    Les parements en voussoir de pierre cornaline remontent à une restauration du début de l’époque impériale
    - Quelques manifestations :
    La poignante procession du Christ Mort fin d’après-midi Vendredi Saint à Pâques, après la déposition à la Basilique, se conclut
    en face de l’église de Saint Joseph avec les deux groupes, face à face, de Notre-Dame des Sept Douleurs et du Christ.
    Quatre cents frères de cinq confréries, encapuchonnés, pieds nus, donnent vie au cortège qui depuis le XVIe siècle précède le char
    avec le Christ voilé.
    Palio historique, jeu de l’Oie : le sectarisme entre les quartiers historiques crée un climat de dispute dont la plus ancienne remonte
    à 1543. La Vigile (2e samedi du mois d’Août), avec adoubement des capitaines et don de l’huile au patron, se poursuit le soir
    dans les quartiers où l’on se rencontre pour prendre les augures avec les mets de la tradition. Le jour du Palio (2e dimanche d‘Août)
    le Magistrat précédé par le cortège montre l’oie mise en jeu. Les joueurs de dés font déplacer les pages, marqueurs
    de leur quartiers respectifs sur un parcours de 54 cases, qui engagent des compétitions.
    Le soir, fête dans les tavernes
    - L' Église de Saint Joseph a une voûte en tonneau ornée de stucs. Les peintures représentent la vie de Saint Joseph
    et des personnages en haut-relief (rois, patriarches, personnages bibliques),
    dans des niches, rythmant l’espace. Sur les deux autels latéraux de la seconde moitié du XVIe s, se trouvent les statues
    de Saint Joseph et de Notre-Dame des Sept Douleurs.

    - La Basilique fut redessinée à partir de 1646, au cours d’un siècle. Portail gothique médiéval de 1424 sur le côté gauche.
    Retables, Saints protecteurs, Vierge à l'Enfant, fragment de fresque du XVIe s de l'Immaculée Conception
    - Non loin, la montagne Piobbico et l'antique Publicum, bourg dominé par l'imposant castello Brancaleoni
    Au nord des Marche, Sant'Agata Feltria et le Rocca Fregoso, fortification suspendue au-dessus du précipice, agrippée au rocher, construite aux XIIe - XVe s, restructurée par Francesco di Giorgio Martini
    Paysage extraordinaire : grottes, gorges, fossiles, bruyères, hêtraies.

    - Guelfes et Gibelins : noms des partis qui déchirèrent l'Italie aux XIIIe et XIVe siècles.
    Les Gibelins partisans de l'Empereur, familles allemandes prétendant au titre impérial : Hohenstaufen, ducs de Souabe
    et seigneurs de Waiblingen.
    Les Guelfes partisans du Pape : Welfs de Bavière.

    - La Via Flaminia, de Rome à Rimini, itinéraire le plus important au nord, construite par Flaminius en 220 av. J-C,
    fréquemment améliorée au cours de la période impériale par Auguste, Vespasien, Trajan, tombée en désuétude
    sous période Lombarde, reconstruite pendant la Renaissance, est une des routes principales vers l'Adriatique.
    Aux IIIe - IIe s, elle fournit le blé du Pô à Rome et l'Italie centrale. Pendant le déclin romain, route principale
    menant au centre de l'Italie, elle est prise par Jules César, des hordes barbares, généraux byzantins...
    Au début du Moyen-Âge
    elle est une influence de civilisation, "le couloir byzantin".
    La Via Flaminia part de Rome (Porta del Popolo), va plein nord à Narni où elle traverse le fleuve Nar par le plus grand pont romain jamais construit, splendide structure à quatre arches toujours en état, puis Terni, Spoleto, Foligno où une branche diverge
    vers Perugia, Nocera Umbra où une autre part vers Ancona, Cagli où elle tourne nord-est suivant les gorges du fleuve Burano,
    passe à Gola del Furlo par le premier tunnel creusé dans la roche (IIe s av. J-C), émerge des gorges des Apennins à Fossombrone, atteint la côte de l'Adriatique à Fano, la longe nord-ouest pour Pesaro et Rimini, parcourant 320 km environ.

    Ses parents l’envoient à Rome se former dans la pratique du barreau sous l’égide de son frère Étienne avocat. Il se prend de passion
    pour les monuments antiques.
    Il entre très jeune dans l'administration de l'État Pontifical avec des charges de diplomatie et magistrature. Son esprit vif, sa tournure
    et sa pratique des lois le font remarquer du Cardinal Imperiali Lorenzo, qui le choisit comme Auditeur de la Légation Papale
    en Espagne où il ne néglige pas les études classiques et anciennes, puis Trésorier de la Nonciature (Alexandre VII - 1655).
    Il y reste 13 ou 30 ans. Lors de son retour avec le cardinal Bonelli, en 1664, il fait d’importantes observations sur des reliques
    et monuments d'Espagne et France où il rend visite à Ménage avec qui il correspond, ainsi qu’avec Mabillon, le Père Hardouin, Spanheim, Montfaucon, et est responsable des fouilles et cimetières de Rome.

    Gilles MÉNAGE, écrivain français (1613-1692), entame une carrière d'avocat avant de devenir abbé et se consacrer entièrement
    à ses travaux. Philologue érudit, juge de l'esprit et du goût dans les salons et réunions (les Mercuriales) qu'il tenait chez lui,
    admiré de Mesdames de La Fayette et Sévigné, il prend part dans des querelles littéraires, comme le respect de la règle
    de l'unité de temps.
    Il publie un ouvrage condamnant les intrusions de l'Académie française sur la langue, est l'auteur de plusieurs études linguistiques
    et de grammaires d'où est tiré le premier grand dictionnaire étymologique de notre langue.
    Poète à ses heures, l'ensemble de ses madrigaux, épigrammes, épîtres, églogues, bons mots et remarques critiques sont rassemblés dans un recueil posthume intitulé Menagia.

    Dom Jean MABILLON, Bénédictin et érudit français (1632-1707), bibliothécaire à l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés,
    anime une société érudite.
    Il établit des collections de vies de Saints fondées sur une recherche critique, fait progresser l'étude scientifique
    des documents médiévaux et défend le travail intellectuel des religieux.
    Traité des études monastiques. Il devient l'ami de Raphaël lors de sa visite en Italie (1685-86).

    Le Révérend Père Jean HARDOUIN de la Compagnie de Jésus, Jésuite et historien français (1646-1729),
    est connu
    pour ses polémiques au sujet de l'authenticité de la plupart des textes hérités de l'Antiquité.
    Il publie une édition critique des textes conciliaires.
    “...Le R.P. Hardouin de la Compagnie de Jésus, étoit extrêmement doux dans le commerce de la vie civile ; il joignoit
    à un savoir immense une conversation liante, qui le faisoit aimer de tous ceux qui l'approchoient. Mais la crainte d'être trompé
    lui fit prendre des mesures excessives. Il parvint enfin à s'imaginer, qu'à l'exception de six Auteurs profanes, & de la Bible Vulgate,
    tout ce que nous avons des Monumens anciens étoient autant de supercheries inventées par des misérables & des fripons
    des XIIIe & XIVe siècles, qui vouloient détruire la Religion.
    Ces Auteurs étoient Homére, Hérodote, Plaute, Pline l'ancien, & quelques parties de Virgile & d'Horace...”
    Il était bibliothécaire à Louis le Grand.

    Friedrich SPANHEIM, historien de l'église réformée, (1632 Genève-1701), professeur de dogmatisme à Heidelberg et de théologie
    à l'université Leiden, sera jusqu'à sa mort professeur académique, théologien contradictoire, prédicateur et chef de bibliothèque.
    Il est gardien des membres de l'Église Réformée Orthodoxe et combat dans ses ouvrages le Cartésianisme.

    Bernard de MONTFAUCON, fils cadet de noblesse languedocienne (Aude), naît au château de Soulatgé le 16 janvier 1655.
    Après une brève carrière des armes (1672-74), revenu malade, il fait le vœu d'être bénédictin s'il est sauvé et prend l'habit de St Benoît en 1675. Il apprend latin, grec, hébreu, chaldéen, syriaque et copte.  Appelé en 1687 à l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés
    pour travailler à l’édition des Pères de l’Église de langue grecque (Académie des Bernardins), il entretient, pour ce,
    une correspondance avec de nombreux érudits français et étrangers, et accomplit, de 1680 (ou 98) à juin 1701, un voyage d’études
    en Italie où il fréquente les principales bibliothèques, à la recherche de manuscrits grecs. Il met en forme ses observations minutieuses
    dans la Palaeographia graeca (1707), inventant le mot paléographie (1708), étude des écritures anciennes.
    Membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres en 1719.
    Il rassemble, classe, publie des reproductions de sculptures, peintures, monnaies, objets de la vie courante... dans deux ouvrages, L’Antiquité Expliquée (15 tomes) (1719-1724) qui présente pour la première fois les antiquités grecque et romaine en commun,
    et Les Monuments de la Monarchie Française (5 tomes) (1729-1734), qui rencontrent un immense succès.
    Il fonde ainsi l'archéologie en tant que science s'appuyant sur les textes, monuments et vestiges du passé.
    Il publie les catalogues des manuscrits qu’il avait réunis dans la Bibliotheca bibliothecarum manuscriptorum nova (1739).
    Il meurt le 21 décembre 1741 dans l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés, près de laquelle il est enterré. Ses restes, transférés
    pendant la Révolution, rapportés en 1819, voisinent avec ceux de Mabillon et Descartes.
    Cet homme, un des plus érudits et célèbres de son temps, persévérant, curieux de tout, à l'esprit vif, assuré, travaillant
    douze à treize heures par jour, s’appuyant sur une méthode de travail et une organisation moderne, nous a laissé
    une œuvre considérable d' une quarantaine de volumes.

    En 1665, il achète une maison à Urbino, amasse sa collection d'antiquités, conservée après sa mort par le cardinal
    Giovanni Francesco Stoppani, cœur de l'exposition au Palazzo Ducale.

    Il gravit la hiérarchie administrative, est nommé Juge des Appellations de la Cour du Capitole, Auditeur du Légat du Pape
    (1670 - Cardinal Cesi) à Urbino, fonde l’Académie des Sciences, des Lettres et des Arts à Rome en 1674, "Arcadia Novus Ordo", 
    vers la Nouvelle Science de l'Homme, "pour faire le bien, il faut le bien faire", Vicaire d'Innocent XI (1676), avec la charge
    des Édits Pontificaux et la direction des fouilles des catacombes. Il améliore le sort de son pays grâce à l’aisance acquise en Espagne,
    règle ses affaires familiales, et se consacre à la recherche antique examinant avec un soin minutieux les monuments et inscriptions
    de la Campanie ; aux études d'histoire et d'archéologie sur les aqueducs romains (De aquis et aquaeductibus veteris Romae dissertationes tres - 1680 Rome et Paris) ; à la Colonne Traiana (De Columna Traiani Syntagma - 1683 et 90 Rome), employant pour la première fois
    la méthode comparative, socle de l’archéologie, avec un jugement et une clarté jamais vus, recherches nécessitant connaissance
    des monuments, descriptions, textes originaux, sens critique, sagacité ; à la Table Iliaque et au canal du lac Fucin.
    Travail remarquable, systématiquement clarifié par ses dessins (gravures sur bois), élevant comme on ne l’avait jamais vu l’archéographie à son plus haut niveau.

    LA CAMPANIE
    La Campanie, de campus = campagne-terre plate et Capua-Capoue, région d'Italie méridionale s'étendant à l'ouest de la chaîne
    des Apennins, est déjà peuplée au Néolithique, occupée par des colonies grecques (fondation de Naples), phéniciennes, étrusques
    et sunnites -VIIe IIIe siècles-, par les Romains -IIe - (routes, agriculture). L'éruption du Vésuve détruit Pompei en août 79.
    Domination lombarde, byzantine, normande (royaume de Sicile). La croissance économique démarre au XIIIe où Naples
    est capitale du sud de l'Italie. Déclin économique grave sous la domination espagnole aux XV - XVIe siècles, mais la puissance revient sous les Bourbons aux XVII - XVIIIe (agriculture, industries).
    Ses terres fertiles, tabac, céréales, vignobles, oliviers, orangers, citronniers, tomates, entourent le Golfe de Naples, capitale
    de la Pizza et du folklore italien, la Tarantelle. La région, dominée par la dangereuse silhouette du Vésuve, célèbre volcan
    toujours en activité,
    est divisée en 5 provinces : Avellino, Bénévent, Caserte, Naples, Salerne

    Le campanile :
    La Campanie est célèbre dans les premiers siècles de l'ère chrétienne pour sa métallurgie, en particulier la fabrication de cloches
    et sonnailles. Les premiers monastères reprennent cet usage pour avertir les moines des diverses prières et offices religieux,
    et les églises comportent peu à peu des clochers ou campaniles séparés pour des cloches de plus en plus grosses.

    Alexandre VIII (Cardinal Ottoboni - 1689) le nomme Secrétaire des Requêtes, charge de la plus haute importance et influence
    sur les affaires de l'État et de l’église, Chanoine de Sainte-Marie Trans Tiberina, San Lorenzo in Damaso, Saint-Pierre,
    avec le titre de Monseigneur, suit souvent ses conseils et lui demande de rédiger les légendes des monnaies.

    Leibniz vient le voir, le 20 février 1690 , lors d’un séjour en Italie.

    Innocent XII (1691) lui confie la garde des Archives Secrètes (diplomatiques) du Castel Sant’Angelo (Préfêt des Archives),
    charge qu'il maintient jusqu'à sa mort à Rome le 7  janvier 1700.

    Pontificia Accademia Ecclesiastica 1710 (Vatican).

    LE CASTEL SANT’ANGELO
    Le Castel Sant’Angelo, mausolée d’Hadrien, le plus vaste de l’Empire romain, sur la rive droite du Tibre, face au pont Saint-Ange,
    non loin du Vatican, est une rotonde massive en travertin recouvert de marbre, sur une solide base carrée surmontée d'un quadrige
    de bronze mené par l'Empereur, construite de 130 à 139 pour conserver ses cendres, celles de sa femme et de son fils adoptif.
    Un long couloir en spirale conduisait à la chambre funéraire, salle du trésor, et sous le premier niveau, l’atrium abritait
    une statue colossale de l’empereur !
    L’ancienne structure a été conservée, les murailles romaines sont toujours visibles.

    HADRIEN (76-138)
    D'une famille italienne émigrée en Espagne, orphelin à 12 ans, il est recueilli à Rome, juge à 19 ans, courageux
    et d’une grande endurance physique commandant de l’'armée à 20, Gouverneur à 31,
    Conseiller privé à 35,
    et en 117 Empereur à la mort de Trajan, cousin éloigné qui l’avait adopté.

    Il renonce aux conquêtes, réorganise l’armée, les institutions juridiques et financières, le pouvoir central,
    mène une nouvelle politique agricole.

    Très intelligent et instruit, d’une mémoire prodigieuse, très fin d’esprit et passionné d’architecture, art grec, il fait construire
    le Panthéon et encourage les arts et lettres.

    Nombreux voyages à travers tout l’Empire.
    Il meurt dans d’horribles souffrances, les cœur et poumons lui provoquant de terribles crises d’étouffement, après un suicide raté
    et le refus de ses amis de mettre fin à ses jours.

    Très vite, le bâtiment est détourné de ses fins funéraires pour devenir militaire, intégré en 403 à la muraille aurélienne
    comme bastion avancé, puis après l’attaque des Goths, inclus en 547
    dans une structure fortifiée protégeant la rive droite.
    Le quartier prend le nom de Borgo.

    En 590, Grégoire Ier a une vision de l’archange Michel sur les créneaux, lui annonçant la fin de l’épidémie de peste.
    D'où le nom et la statue de Saint Michel terrassant le démon qui coiffe l'ouvrage.

    Après le pillage par les Sarrasins de la basilique Saint-Pierre, Léon IV (847) relie le Borgo dévasté par une muraille,
    formant la "cité léonine".

    Le château est ensuite transformé en prison (dont personne ne s'échappa), où quatre Papes du IXe siècle meurent.
    Les Papes de la Renaissance en font leur refuge en cas d'attaque, ajoutant bastions et appartements privés.
    En 1277, Nicolas III bâtit un couloir suspendu reliant le château au Vatican, le passeto,
    offrant ainsi une possibilité de fuite rapide.
    Quand Urbain V (1362) quitte Avignon pour rentrer à Rome, il se fait remettre non les clefs du château qui reprend le rôle
    de forteresse protégeant le Vatican.

    En 1389, Boniface IX restaure le château à demi en ruines, y fait percer une large rampe hélicoïdale à sens unique de 125 mètres
    de long permettant le transport de vivres et munitions.

    Des meurtrières sont creusées. Des logements sont aménagés pour le Pape.
    En 1527, le Pape Clément VII s’y réfugie lors du Sac de Rome, et Giordano Bruno y est emprisonné sept ans.

    Giordano BRUNO (1548 près de Naples - 1600 Rome) (Filippo Bruno)
    Philosophe, théologien, prêtre de la Renaissance, il acquiert une connaissance approfondie de la mnémotechnique à 14 ans, du latin, Aristote, Saint Thomas d'Aquin, Platon, Érasme, de la métaphysique, la cosmologie, et s'initie à l'ésotérisme, l'astrologie, et la cabale.
    Il entre en 1565 chez les Frères prêcheurs du prestigieux couvent dominicain San Domenico Maggiore, vit selon la devise
    verba et exempla (par le verbe et l'exemple) et est ordonné prêtre en 1573.

    Il proclame l'existence d'un Dieu unique se manifestant dans la nature hors de toute religion révélée, Dieu est la substance et la vie
    de toutes choses (natura naturans), l'univers un animal infini
    dont Dieu est l'âme, reflet d'une divinité unique dirigeant toute chose, univers vivant où tout, de l’animal au minéral, possède une âme.
    “L’Univers est infini, peuplé d’une multiplicité de mondes analogues au nôtre”.
    Il affirme que la sphère des étoiles fixes n’existe pas, mais qu’elles sont des soleils !
    Accusé d'hérésie, il fuit en 1576, menant une vie errante à travers l’Europe (Italie, Chambéry 1578, Genève 1580, Lyon, Toulouse, enseigne au Collège de France à Paris, Angleterre 1583, Allemagne 1587)
    Revenu en Italie, trahi, il est dénoncé au Saint-Office en 1592, blanchi à Venise mais transféré et incarcéré au château Saint-Ange.
    Chefs d’accusation : repousse les images saintes, le dogme de la Trinité, la virginité de Marie, pratique l’art divinatoire,
    croit en la métempsycose, affirme que Jésus n'est pas Dieu, mais un magicien exceptionnellement habile, que l'Esprit-Saint
    est l'âme du monde, et qu'il faudra aussi que le Diable fût sauvé le jour du Jugement dernier...

    “Le roi Henri III me fit appeler un jour, et me demanda si cette mémoire que je possédais et que j’enseignais était une mémoire naturelle ou si elle était obtenue par la magie, je lui démontrais qu’elle n’était pas obtenue par la magie mais par la science”.
    “Je ne recule point devant le trépas et mon cœur ne se soumettra à nul mortel.”
    “Je ne crains rien et je ne rétracte rien, il n'y a rien à rétracter et je ne sais pas ce que j'aurais à rétracter.”
    Condamné au bûcher :
    “Vous éprouvez sans doute plus de crainte à rendre cette sentence que moi à l'accepter.”
    Nu avec un mors l'empêchant de parler il est brûlé vif, refusant le crucifix qu’on lui tend, sur le Campo Dei Fiori, où en 1889,
    les Franc-Maçons italiens lui érigent une statue.

    Une loge créée en 1985, de l'obédience du Grand-Orient, porte son nom.
    Bruno est un pionnier en astronomie, physique, philosophie.
    Bibliographie non exhaustive :
    Candelaio (1582) (Le Chandelier), comédie satirique
    Della causa, principio e uno (1584) (La cause, le principe et l’un)
    Dell'infinito, universo e mondi (1584) (De l’infini, l'univers et les mondes). Dans ces ouvrages il expose une vision cosmographique audacieuse et révolutionnaire dépassant les thèses coperniciennes.
    Spaccio de la bestia trionfante (1584) (L’expulsion de la bête triomphante) s'attaque aux attitudes calvinistes et catholiques.
    Cabala del cavallo Pegaseo (La cabale du cheval Pégase), opuscule satirique, démolissant la référence aristotélicienne.
    De gli eroici furori (1585) (Les fureurs héroïques) élimine l’idée d’un monde centré, en présentant un univers où Dieu n’a plus de lieu
    De innumerabilibus, immenso, et infigurabili (1591) réexamine sa cosmographie
    De monade numero et figura (1591), réflexion sur le rapport entre nombres et figures géométriques. De triplici minimo et mensura,
    sur l’infiniment petit, précurseur des études sur l’atome

    De imaginum, signorum et idearum compositione (De la composition des images, des signes et des idées), qui introduit
    un prodigieux système mnémotechnique.

    On pénètre dans le château par sa seule entrée, au bout du pont Saint Ange à trois arches orné de statues, et on accède à la rampe.
    Impressionnant par ses forme circulaire, escaliers chausse trappe, cours suspendues, raffinement extrême des appartements papaux, fresques, salle de bains, cours de théâtre décorée de fresques sépia, cellules, oubliettes, salles d'armes, et superbe vue
    du haut de la terrasse de l'Ange, Rome et ses alentours à 360 °.

    UN ARCHÉOLOGUE DU XVIIe SIÈCLE
    Urbino se rappelle son grand humaniste et archéologue Raffaele Fabretti mort il y a 300 ans (2000). Dans sa maison natale
    aura lieu une inauguration de ses écrits conservés à la bibliothèque de l'Université d'Etudes, et à l'Académie de Raffaello
    une exposition
    de la médaille commémorative exécutée par le sculpteur Antonio Fontanoni. À Pian del Monte, dans le jardin public, sera dévoilé le buste en bronze de l'archéologue. Enfin, dans la salle didactique de la Galerie Nationale des Marches,
    contiguë à la cour d'honneur du Palais Ducal, Angela Donati, du Département d'Histoire Antique de l'Université de Bologne,
    illustrera la figure du chercheur
    mort en 1700.
    Antiquaire, collectionneur, érudit et écrivain d'épigraphes, Raffaello Fabretti est universellement reconnu prince studieux
    de l’antiquité romaine. Né en 1620 de noble famille urbinate, il cultive son intérêt pour l'archéologie et les épigraphes de Rome,
    là où il a la charge de diriger les fouilles des nécropoles de Rome et des environs. Il constitue une des plus vastes collections existantes d'inscriptions de monuments (épigraphes, bas-reliefs) vers 1690 dans son habitation principale d'Urbino
    et sa maison de campagne
    de Fontesecca, 4676 pièces objet de minutieuses descriptions dans un volume illustré qu’il publie
    à la fin du XVIIe siècle.

    Cette collection constitua le noyau essentiel de la récolte d'inscriptions antiques exposées en 1756 par le Cardinal Legato Giovan Francesco Stoppani au Palais Ducal où elle peut encore être vue aujourd'hui dans le Musée Archéologique.
    Museo archeologico di Urbino.  Storia e presentazione delle Collezioni Fabretti e Stoppani, 1986.

    Il est conseiller culturel de trois papes, fait partie de l'Accademia degli Assorditi d'Urbino, est l'inspirateur de la fondation
    du mouvement littéraire de l'Arcadia, sous le nom d'Iasiteo Nafilio, au secrétariat de laquelle il appelle son jeune protégé,
    Giovanni Mario Crescimbeni (1663-1728), littérateur italien, né à Macerata (Ancône) auquel nous devons la biographie de Fabretti
    qu’il publia en 1708, utilisant une précédente œuvre de l'Abbé urbinate Domenico Riviera.
    Fondée en 1690, la Société Arcadienne, première académie italienne à admettre des femmes, était principalement consacrée
    à la réforme de la littérature italienne, par un rejet des vanités baroques en faveur d’un langage clair de forme simple.

    Il fréquente le cercle de la Reine Christine de Suède.

    Christine de SUÈDE (1626 Stockholm - 1689 Rome)
    "Au lieu d'un garçon, j'ai donné le jour à une fille, noiraude et laide, avec un grand nez et des yeux noirs. Emportez-la,
    je ne veux pas d'un tel monstre !" Sa mère, à sa naissance, furieuse d’avoir une fille.
    Devient à six ans “la Reine Christine” à la mort de son père.
    Élevée comme un garçon, dix heures de leçons par jour, éducation à la politique intérieure et extérieure, escrime, équitation,
    parle onze langues, allemand, italien, français, grec, latin, arabe, hébreu...
    Roi de Suède de 1632 à 54.
    1m52, physique disgracieux, gros yeux globuleux, nez trop important, mépris des convenances, dépenses fastueuses, sportive,
    chasse à l'ours, apparence garçonne négligée, mal peignée, hirsute, ongles sales, tenues mal soignées, vêtements déchirés.
    "Elle avait l’air d’un homme plus que d’une femme".
    Orgueilleuse, hardie, excentrique, jure, rigole très fort, siffle, blasphème.
    "Il faut plus de courage pour le mariage que pour la guerre".
    Sens politique. Met fin à certains conflits. La paix de Westphalie, signée en 1648, fait de la Suède la première puissance nordique.
    Intelligence, grande culture, érudite, esprit curieux et universel, amoureuse et protectrice des arts et lettres, pionnière du féminisme.
    Écrit des livres, correspond avec Blaise Pascal qui lui envoie sa machine à calculer, Leibniz, Spinoza, Ménage, deux ans avec Descartes qu’elle invite à la cour et lui demande
    des leçons de philosophie à 5 h du matin dans la bibliothèque sans feu.
    Couronnée en 1650, renonce au trône en 54, abdique en faveur de son cousin Charles Gustave, quitte la Suède le jour du couronnement.
    "Enfin, je me suis échappée de cette Suède où j’espère bien n’avoir jamais à revenir".
    Habillée en homme, avec une suite réduite, traverse l'Allemagne et la Hollande protestantes, parvient aux Pays-Bas Espagnols, catholiques, est reçue par l'archiduc Léopold.
    Onze mois à Anvers et Bruxelles, où elle se convertit secrètement au catholicisme, lui valent une réputation de lesbienne libertine scandaleuse, mais hommes ou femmes, aucune relation consommée avérée.
    ... et en 1655, arrive à Rome. Le Pape Alexandre VII déroule le tapis rouge : collège des cardinaux, noblesse romaine,
    l'accompagnent jusqu'à la Basilique Saint-Pierre où elle se prosterne devant l'autel.
    Pour l'Église, la conversion d'un personnage aussi important représente une victoire sur l'hérésie protestante.
    Le jour de Noël, à Saint-Pierre, elle reçoit la communion des mains du Pape qui l'invite à dîner -honneur extraordinaire
    pour une femme- avant que Christine-Alexandra ne soit escortée en procession au Palais Farnèse, conçu par Michel-Ange,
    mis à disposition par le duc de Parme.
    Mène grand train, artistes, salles de jeux.
    En conflit avec des courtisans espagnols fait tirer au canon sur la demeure de l'Ambassadeur d'Espagne.
    Le Pape lui offre en chapelet en bois, "Je l’aurais préféré en argent ou en or, j’aurais au moins pu le revendre avantageusement".
    De par son refus d'adopter les mœurs d'une catholique dévote, la curie prend ses distances.
    Invitée par Louis XIV, elle rend visite à Ninon de Lenclos...
    fait alliance avec Mazarin qui voulait fonder une dynastie Bourbon sur le trône de Naples, contrepoids à la puissance de l'Espagne.
    1657 Fontainebleau. Trahie par son favori-écuyer Monaldeschi, elle le fait assassiner par trois gardes dans la Galerie des Cerfs.
    Ils s’y reprennent à plusieurs fois, l'égorgent, l’enterrent à la hâte deux heures après à l’église Saint-Pierre d’Avon*.
    La cotte de mailles et l’épée exposées au château sont des faux. *Témoignage du Père Lebel, confesseur
    1663, elle se fixe définitivement à Rome au Palazzo Corsini qu'elle transforme en musée.
    1660 66 68, tentatives de recouvrer la couronne de Suède, à la mort de son cousin.
    Corelli l'initie au violon. Elle soutient Scarlatti, Carissimi, Stradella, crée en 1674 l'Académia Reale qui deviendra l'Académie d'Arcadie, équivalente à l'Académie Française "étudier et superviser la pureté de la langue italienne, promouvoir les études de l’astronomie et de l’astrologie, ainsi que la philosophie, à travers des discussions régulières et des conférences", s'intéresse à l'astrologie et l'alchimie, fréquente les Jésuites, se rapproche du mysticisme.
    Quelques membres : Corelli, Marcello, Scarlatti, Goethe, Pic de La Mirandole, Crescimbeni et Raffaello Fabretti (Iasiteo Nafilio)...
    Le Cardinal Decio Azzolino, animateur du Squadrone Volante*, mécène des Arts et Lettres, fut son ami intime et confident
    jusqu'à sa mort à 63 ans d'érysipèle**, et son exécuteur testamentaire***.
    Son sarcophage repose au Vatican dans la crypte de la Basilique Saint-Pierre.
    *Escadron Volant, indépendance à l'égard des partis français et espagnol **ou syncopes & coup de colère ***Lettres de Christine

    René DESCARTES (1596 - Stockholm 1650) savant et philosophe français. Entre à 10 ans au collège des Jésuites de La Flèche
    où il apprend les mathématiques et prend connaissance des découvertes
    que Galilée fait grâce au perfectionnement de la lunette astronomique. Il passe une licence de Droit à Poitiers en 1616, puis voyage à travers l’Europe. Il a une révélation en Allemagne
    le 10 novembre 1619 :
    les lois de la nature sont d’essence mathématique.
    Dioptrique (lois d’optique : théorie mathématique de la lumière)
    1636 Météores (explication de phénomènes naturels)
    Géométrie (bases de la géométrie analytique  : géométrie / algèbre - calcul infinitésimal)
    1637 Discours de la méthode (principes de la pensée scientifique, ébauche d’une métaphysique)
    “ne recevoir jamais aucune chose pour vraie que je la connusse évidemment être telle”
    “diviser chacune des difficultés... En autant de parcelles qu’il se pourrait... Pour mieux les résoudre”
    “conduire par ordre mes pensées, en commençant par les objets les plus simples... Pour monter peu à peu jusqu’à la connaissance
    des plus compliqués”

    “faire partout des dénombrements... Et des revues si générales que je fusse assuré de ne rien omettre”
    1641 Méditations métaphysiques (le plus sûr moyen d’éprouver ses certitudes est d’essayer d’en douter)
    “Cogito ergo sum” “Je pense donc je suis”
    “Tout ce qui est est espace ou conscience”
    1644 Principes de philosophie
    1645 Traité des passions de l’âme
    Parti à la Cour de Christine de Suède, il prend froid un jour d’hiver et meurt d’une pneumonie.

    Blaise PASCAL (1623-1662) savant, penseur, écrivain français. Génie précoce, il écrit à onze ans une dissertation acoustique
    et assimile seul la géométrie euclidienne.

    Théorème de Pascal (1639), calcul des probabilités, calcul intégral, hydrostatique.
    1647 “Les sens sont seuls les principes et maîtres”
    1654 Traité du triangle arithmétique - calcul des probabilités
    Les Pensées.
    “Misère de l’homme sans Dieu. Félicité de l’homme avec Dieu”.

    Il loue dans le Borgo (faubourg Saint-Pierre) une maison qui devient salon intellectuel européen, où les spécialistes de passage
    trouvent hospitalité et stimulations culturelles.
    Il fait de longues promenades avec un de ses amis préférés, Adrien Auzout, mathématicien français, discutant de mécanismes
    et mesures, une des passions intellectuelles de l'époque.

    Adrien AUZOUT (Rouen 28 janvier 1622 - Rome 23 mai 1691), astronome et physicien.
    Fils d’un clerc à la cour de Rouen, Adrien Auzout y fréquente Blaise Pascal. En 1648, il entame une correspondance épistolaire
    avec Marin Mersenne, puis rejoint le cercle savant autour de Henri Louis Habert de Montmor. Il plaide, à la suite d’observations
    en 1664-65, en faveur de l'orbite elliptique ou parabolique de comètes, s’opposant à Johannes Hevelius.
    Un des membres fondateurs de l’Observatoire Royal de Paris, acquis aux idées de Huygens, il travaille en 1667-68 avec Jean Picard
    à appliquer la lunette astronomique au quart de cercle et à construire le micromètre à fil mobile pour mesurer le diamètre apparent
    des petits objets et corps célestes. Ils sont les premiers à mesurer avec exactitude le degré d'arc du méridien terrestre entre Sourdon,
    sud d'Amiens, et Malvoisine, sud de Paris. En 1666, il entre à l’Académie des Sciences mais la quitte en 1668 à la suite de sa vive critique de la traduction de Vitruve par Claude Perrault.
    Publications :
    Lettre de M. Auzout du 17 juin à M. Petit, etc. (1665). À propos d'une fausse observation d'Hevelius sur la comète de 1665
    Lettre à M. l'abbé Charles sur le “Ragguaglio di due nuove osservationi, etc.”, da Giuseppe Campani, avec des remarques
    où il est parlé des nouvelles découvertes dans Saturne et dans Jupiter
    et de plusieurs choses curieuses touchant
    les grandes lunetes (1665)

    Manière exacte pour prendre le diamètre des planètes (1667)
    Traité du Micromètre (1667)

    Il y termine son dernier ouvrage, Inscriptionum antiquarum, quae en aedibus paternis asservantur, explicatio et additamentum,
    qu'il fait imprimer chez lui en 1699, grand recueil d’inscriptions formant sa collection, 4 676, la plupart inédites ; vif succès,
    travail immense, unique, quasi exhaustif, jetant une nouvelle et éclatante lumière sur moulte points d'archéologie, philologie,
    histoire et géographie.
    Ses écrits sont considérés comme les plus importants travaux épigraphiques du XVIIe siècle.

    Il reste célibataire comme il est d'usage à l'époque, et n’a jamais voulu être ordonné prêtre.

    Il échappe à la peste de 1656... et meurt à près de 80 ans en pleine vigueur, le 7 janvier 1700, des suites d’une promenade en voiture
    dans le froid de la via Nomentana à Rome, en plein hiver. Curieux destin d’un homme de santé précaire jusqu’à 30 ans !
    Sa mort fut pleurée dans tout Rome, la ville qui lui conféra la citoyenneté. Sa tombe et son buste sont dans la Naro Cappella de l'Église
    de Santa Maria Supra Minerva au Pantheon, dans la nef de gauche, en bonne compagnie (Fra Angelico - Leon X - Clément VII).
    Selon les biographes, sa famille, suivant son testament, le dépose dans le tombeau où son frère Étienne reposait depuis longtemps,
    ou plutôt que fit construire son neveu Gaspare, avec une épigraphe de Crescimbeni "... mourût à l'âge de soixante dix neuf ans
    et sept mois...".

    Il laisse inachevée "De veteri Latio ou Latium vetus illustratum", œuvre énorme, de lecture difficile, qui aurait nécessité beaucoup d'années et de fatigue.

    SAINT-PIERRE
    La Basilique Saint-Pierre est construite sur l'emplacement du tombeau de l'apôtre Pierre, dans la nécropole où il fut crucifié en 64
    ou 67, lieu d'identification de la religion chrétienne, culte officiel de l'Empire Romain, par Constantin de 315 à 326,
    date de son inauguration.
    Complètement dégradée après plus d'un millénaire d'histoire, elle est restaurée au XVe siècle, arrêtée, le projet modifié
    pour l'édification d'une nouvelle cathédrale. Les travaux, confiés en 1506 à Bramante qui détruit la basilique et commence ce qui est
    la plus grande cathédrale de la chrétienté (193m de long sur 120m de haut, plan en croix latine à 3 nefs), dureront jusqu'en 1626.

    Le cœur de la basilique est la tombe de Saint Pierre, surmontée de l'autel majeur, du baldaquin monumental en bronze de le Bernin,
    de la coupole de Michel-Ange (1546, 131m de diamètre,
    subdivisée en 16 nervures qu'éclairent 16 fenêtres). Y sont représentés
    les 16 premiers Papes, les 12 apôtres, saint Paul, le Baptiste, Marie et le Christ, 4 rangées d'anges.

    Lieu de couronnement des empereurs d'Occident de 800 (Charlemagne) à 1452 (Frédéric III), elle abrite de nombreuses reliques :
    la montée au Calvaire (le linge de Véronique), le supplice du Golgotha
    (Sainte Hélène qui retrouva le bois de la Croix),
    la mort du Christ (saint Longin et la lance), et tombes papales (les 16 premiers Papes).

    Le Colisée est en partie détruit aujourd'hui parce qu'il a surtout servi pour les nouvelles constructions du moyen-âge...
    et la Basilique Saint-Pierre a hérité de ses pierres.

    "Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les portes de l'Enfer ne prévaudront pas contre elle. Je te donnerai les clefs
    du Royaume des Cieux".

    VIA NOMENTANA
    Via Nomentana, ancienne voie romaine au nord-est de Rome, sont déposées Constance et Hélène, filles de Constantin,
    dans un splendide mausolée.

    A côté Constance édifie, dès le IVe s., la Basilique de Sainte Agnès, à proximité de la tombe de la jeune martyre. L'église actuelle
    est au-dessus de la tombe de la sainte.

    La mosaïque de l'abside est un des plus purs exemples d'art byzantin à Rome. A partir de l'église, on accède aux catacombes
    où est déposé le corps.

    SANTA MARIA SOPRA MINERVA
    Sa façade massive cache une vue unique à Rome :  voûtes ogivales bleu et or,  vitraux aux lumières roses, colonnes corinthiennes,
    sol en marbre. Une énigme gothique
    bâtie sur l'emplacement d'un temple à Minerve, commencée en 1280, terminée en 1370, transformée à la Renaissance et au Baroque, et mal ramenée à son état médiéval au XIXe siècle.
    Pourquoi est-ce le seul  exemple d'architecture gothique à Rome, à l'ombre de la structure classique la plus parfaite de Rome,
    le Panthéon ?

    Pourquoi cette surabondance de trésors artistiques : chapelles, tombeaux de grandes familles romaines, mémoriaux,
    monuments funéraires de papes et cardinaux, sarcophages, statues,
    fresques, peintures, portraits, bustes et  mosaïques.
    Et les fantômes qui hantent cette église :
    - Catherine de Sienne (1347-1380), dont le corps sans tête est sous l'autel principal, qui a joué un rôle politique important
    en persuadant les papes de revenir d'Avignon à Rome

    - Giovanni  de Fiesole (1387-1455),  Fra Angelico (33), moine dominicain peintre de la Renaissance qui a décoré
    des chapelles privées du Vatican

    - Leo X  (Giovanni de Medici, 1513-1521) (34) et Clément VII (Giulio de Medici, 1523-1534) (35)
    - Paul IV (1555-1559), grand  inquisiteur de la Contre-Réforme, pontife dominicain grave et redouté responsable de l'index
    des livres interdits et de l'emprisonnement des juifs.

    Sa statue à la bouche ricanante et menaçante est effrayante
    - Michelangelo représenté par une statue du Christ le Rédempteur, commencé en 1519 et terminé par un de ses élèves (28).
    Des fresques magnifiques de Filippino Lippi, exécutées de 1488 à 92, dépeignent le "triomphe" de Saint Thomas d'Aquin, dominicain, probablement le plus grand théologien médiéval.
    Au-dessus, des compositions dont il est impossible de décrire la beauté.

    Il existe à Rome une Fondation inspirée de l’œuvre de Fabretti, au soin des derniers descendants de sa famille, dont le siège est situé
    68 via Nicola Salvi près de la Pio Sodalizio dei Piceni. (Dr Giorgio FABRETTI).

    "Cette Fondation est encore active à cette adresse, à ses derniers descendants, via Nicola Salvi 68, Roma 00184,
    tél. 0039 06 4817418, email : fondofabretti@hotmail.com. Sa dernière initiative
    est une conférence à Rome, du 20 au 28 janvier 2008 au Castel Madama, avec la Sapienza Università di Roma, au sujet des aqueducs romains et en particulier (contribution
    de la Fondo Fabretti)
    de la création du premier musée au monde sur les aqueducs, le musée Raffaele Fabretti, dans l'ancien
    Castle Colonna de la petite ville de San Gregorio da Sassola (Roma), idée et projet
    sous la direction scientifique du Professeur Giorgio Fabretti, historien et antropologue, Presidente del Fondo Fabretti.”
    (Information complémentaire relative à la Fondation Raffaele Fabretti (Fondo Fabretti), aimablement communiquée par le Professeur d'Architecture Alessandro Camiz de la Sapienza Università di Roma, que je remercie vivement)
    La Fondation a réuni  les oeuvres et matériels biographiques sur Raffaele Fabretti de : il Pontificio Istituto di Archeologia Cristiana
    (in Vaticano), l'Università di Urbino (Prof. Mario Luni),
    il Pio Sodalizio dei Piceni (in Roma), la Fondazione "Raffaello" (in Urbino), l'Accademia Americana di Roma (nei pressi del Gianicolo).

    Giorgio Fabretti, né en 1951 à Rome, professeur à la Sapienza Università di Roma, anthropologue et historien, a étudié
    depuis plus de trente ans des modèles logiques et cognitifs (relatifs à la connaissance) d'innombrables cultures, recherches
    trouvant application en consultations institutionnelles et géopolitiques et dans l'enseignement universitaire, en Italie et aux USA.

    LES TRAVAUX DE RAFFAELLE
    Controverse au sujet de l’interprétation de Gronovius de passages de Tite-Live sur le Latium. Gronovius le traite de Faber Rusticus (artisans maladroits, rustres), Raffaelle, caustique, de titivilitia (démon Titivillus titulierte). Nonobstant l’échange blessant,
    le public lui donne raison.

    Johann Friedrich GRONOVIUS (Hambourg 1611-Leyde 1671), érudit et critique allemand. Après avoir étudié
    dans plusieurs universités, il voyage en Angleterre, France et Italie,
    est nommé professeur de rhétorique et d’histoire à Deventer,
    et à la chaire grecque à Leyde, où il meurt.

    TITE-LIVE, né dans une riche famille noble de Padoue en -59 et mort dans sa ville (ou à Rome) en 17, est un historien
    de la Rome antique, auteur de la monumentale Histoire Romaine
    "Ab Urbe condita libri" (depuis les origines de la ville
    jusqu’à l’an 9), en 142 livres dont 35 nous sont parvenus.

    Ne pouvant consulter les documents originaux disparus en -390 lors du saccage des Gaulois, il s'appuie sur les historiens précédents, comme Polybe César Auguste, ou des témoignages oraux, idéalisant les grands hommes qui ont fait l'histoire, exaltant les valeurs
    et la gloire de Rome.

    "Quant aux récits relatifs à la fondation de Rome ou antérieurs..., je ne cherche ni à les donner pour vrais ni à les démentir..."

    Dans cette polémique Fabretti a employé le pseudonyme "Iasitheus", traduction grecque de “Dieu nous guérit”,
    gardé comme nom pastoral dans l'Académie des Arcadiens.
    Iasithei R. Fabretti ad Grunnovium J. Gronovium apologema in ejusque Titivilitia sive somnia de Tito Livio animadversiones
    de Rafaello Fabretti (1686)

    LES AQUEDUCS ROMAINS :
    Il fait la première recherche systématique du système d'aqueducs romains, alors que les études sérieuses sur la façon dont la ville éternelle obtenait son eau ne commenceront qu'au XVIIe siècle. Son traité, De aquis et aquaeductibus veteris Romae dissertationes tres (1680), est cité comme référence par tous les spécialistes de la topographie romaine.
    Jamais invalidé, et en dépit de son énorme importance, il n'a jamais été traduit du latin original. Sa contribution mérite
    bien plus d’attention qu'elle n’en a reçu.

    - L’Aqua Alexandrina , construit par Alexandre Severus, prend sa source dans les terres de Tusculum à environ
    vingt deux kilomètres de Rome, entre Gabii et le Lac Regillus.

    De petite hauteur il était destiné pour les bains de Severus qui se trouvaient dans une des vallées de Rome (Fabretti)
    - L’Aqua Septimiana, construit par Septimius Severus, était probablement une branche de l’Aqua Julia, faite par l’Empereur
    pour amener l’eau à ses bains (Fabretti)

    - L’Aqua Algentia prenait sa source au M. Algidus par la Via Tusculana, 9000 passus de Rome, selon Fabretti.
    Son constructeur est inconnu.

    Afin de résoudre les problèmes de salubrité et d'adduction, Rome n'ayant que le Tibre et des puits, on construisit des aqueducs
    pour amener l'eau pure d’une vingtaine de ruisseaux depuis les collines éloignées : conduites souterraines en pierre,
    conduites à l'air libre  sur structures de maçonnerie ou arches, en terre cuite, plomb, bois ou cuir.
    Les deux premiers aqueducs sont souterrains : l'Aqua Appia, 18 km,  construit en 312 av. J.-C. par Appius Claudius Caecus,
    et l'Anio Vetus,  70 km, construit entre 272-269. Le troisième, l'Aqua Marcia, 144-140, utilisant des arcades, avait 100 kilomètres
    de long. L'Aqua Tepula est construit en 125, l'Aqua Julia en 33 , l'Aqua Virgo en 19  pour alimenter les thermes du Champ de Mars.
    Auguste construit l'Aqua Alsietina en 2 av. J.-C.. Les plus magnifiques sont l'Anio Novus en 52 av. J.-C., 95 km de long et jusqu'à
    30m de haut, et l'Aqua Claudia en 47 construits par Claude.
    Ces deux aqueducs se réunissaient, à proximité de Rome,  formant deux conduits superposés. L'Aqua Traiana construit par Trajan
    en 109, et l'Aqua Alexandrina construit par Sévère Alexandre en 226.
    L'eau était propriété publique, entreposée dans des réservoirs (castella), et distribuée dans les fontaines publiques, thermes,
    et certaines habitations contre redevance ou location.

    MONTFAUCON l'Antiquité Expliquée. “Fabretti a composé un ouvrage très érudit sur les aqueducs de Rome”.

    LA COLONNE TRAJANE
    De Columna Traiani Syntagma. [triremes sur les colonnes trajans) (Rome 1683), et Inscriptionum Antiquarum Explicatio
    (Rome, 1699), jettent beaucoup de lumière
    sur l'antiquité romaine. Bellum et excidium Trojanum, ex antiquitatum reliquiis, tabula.
    La colonne Trajane élevée par Trajan pour commémorer sa victoire sur les Daces.
    Les reliefs qui la décorent sont une sorte de chronique illustrée et continue sur toute la colonne ; on y a sculpté des gros plans,
    des vues plongeantes et des vues d'ensemble.

    C'est une figuration du temps et de l'espace, une transmission d'un contenu moral et politique qui insiste sur l'humanité
    des vainqueurs.

    Son interprétation d'un bas-relief représentant la guerre et la prise de Troie, connu sous le nom de Table Iliaque
    est maintenant au Musée du Capitole à Rome.

    Table iliaque, bas-relief de 10 x 10 x 2.5 cm en marbre jaune à grain fin du 1er siècle après J.-C., découvert au XVIIe siècle
    dans les ruines d'un temple de la voie Appienne, appelé ainsi
    parce qu'elle reproduit les hauts faits d'Achille devant Troie (Ilion).

    Inscriptionum antiquarum quae in aedibus paternis asservantur explicatio et additamentum, una cum aliquot emendationibus Gruterianis traite de titulis et columbariis. Les personnes de distinction avaient de grands tombeaux familiaux partagés en niches, comme un colombier, d’où columbaria, avec le nom gravé des personnes, les tituli. Les urnes s'appelaient virgines
    avant qu’on y mette les cendres, puis ollae. Fabretti prouve qu'il n'y a jamais eu de loi romaine de brûler les morts.

    LES CATACOMBES DE ROME
    Il assume la charge, confiée par le cardinal Gaspar de Carpegna, de diriger aux creusements des catacombes et de la zone
    autour de l'Appia Antica, où il aime se promener avec son cheval derrière la Villa des Quintili, d’où le surnom de “Marco Polo”
    donné par ses amis, d'après le célèbre voyageur vénitien. Battant continuellement la campagne, il note copie dessine tout
    ce qu’il estime remarquable, son cheval s’arrêtant de lui-même à chaque ruine inscription ou monument, se constituant ainsi
    un fond documentaire remarquable unique, tout comme sa collection de monuments lapidaires, ou d’inscriptions découvertes, constituant la base de travail de nombreux chercheurs.

    Il avait une capacité merveilleuse pour déchiffrer les inscriptions défigurées, effacées, presque plus reconnaissables : il nettoyait
    la surface de la pierre sans toucher aux lettres, mettait dessus un carton mouillé qu’il pressait avec une éponge ou un rouleau
    entouré d'un linge, pour faire entrer le carton dans le creux des lettres et en prendre la poussière dont la trace faisait connaitre
    les lettres gravées.

    L’APPIA ANTICA
    La plus célèbre route romaine (via Appia, via Appienne), 'Reine des routes', relie sur plus de 640 km Rome à Brindisi,

    le plus important port de commerce avec la Grèce et l'Orient.
    Construite pour faciliter les mouvements et les communications militaires en 312 avant JC par Appius Claudius Caecus
    afin de relier Rome aux provinces méridionales, rapprocher la capitale de l'Empire de l'Afrique et l'Orient,
    elle est devenue une route cruciale pour commerce, échanges culturels et pèlerinage.
    Construite à partir d'une voie existante, elle reliait Capoue, puis fut prolongée jusqu'à Bénévent en 190,
    et Brendisi au prix de travaux "romains" : ponts, canaux, jetées...
    Route droite, drainée, d'une largeur d'environ 4 m, pavée de blocs basaltiques, jalonnée tous les 10 km, dans certaines portions,
    de postes pour changer les chevaux et de lieux de restauration-reposour les voyageurs.
    Bornes kilométriques, tombeaux d'éminents Romains.

    Un événement célèbre : 3e guerre servile (73-71), défaite de Spartacus et son armée, 6 000 crucifiés le long de la Via en avertissement.
    Elle devient rapidement une voie sacrée, consacrée au culte des défunts.
    - le Tombeau de Cecilia Metella, noble du Ier s av JC.
    - Saint Pierre, fuyant la persécution, eu une vision de Jésus qui le convainquit de retourner à Rome affronter son martyr.
    Les premiers cimetières chrétiens y sont établis à la fin du Ier siècle : Catacombes de San Callisto au IIe siècle, et San Sebastiano.

    LA VILLA DES QUINTILI
    Ruines d’une ancienne propriété d’une riche famille romaine, les frères Quintilii, consuls en 151, figures de l'aristocratie sénatoriale
    et soutiens de l'Empereur Marc Aurèle, mis à mort en 182
    par Commode qui confisque tous leurs biens.
    Les découvertes des fouilles du XVIIIe siècle, tombes et objets historiques, sont exposés dans les musées du Louvre, du Vatican...

    CIMETIÈRES ROMAINS CHRÉTIENS
    Catacombe de Saint Castulo via Labicana, Cimetière de Saint Castulus, catacombe ; IVe siècle après J-C, située via Casilina
    -où habite Adriana FABRETTI !-
    à 1 km de la Porta Maggiore, à gauche de la rue du talus de la voie ferrée Roma-Napoli,
    trouvée intacte par Fabretti en 1672 ; aujourd’hui inaccessible.

    La petite catacombe est probablement la sépulture du martyr Castulus, sous l’Empereur Dioclésien tué en 305 après JC,
    d’après les Actes de St. Sébastien le mari d’Irène, la pieuse dame
    dont la maison avait recueilli le corps du soldat-martyr.
    Elle est déposée dans une galerie d’une cava di pozzolana creusée entre des piliers sous la Porta Maggiore.

    Le cimetière s’étend sous la vigne d’une propriété des Padri del Terzo ordre de S. Francesco. Plusieurs des galeries ont été démolies durant la construction de la voie ferrée de Civitavecchia en 1864 et sous le bombardement de 1943.
    La catacombe s’étend probablement sur deux plaines, mais les conditions actuelles de conservation, l’état de ruines des couloirs
    et cryptes, ne permettent pas
    de recherches ultérieures.

    Il forme de nombreux élèves qui fondent après sa mort les premiers cours d'archéologie de la nouvelle Sapienza Università di Roma.

    LETTRES ET AUTRES TRAVAUX
    Le 5 janvier 1665 parait à Paris le premier périodique savant sous forme d’un bulletin hebdomadaire de douze pages,
    afin de faire connaître sans retard “ce qui se passe de nouveau dans la République des lettres” : le Journal des Savants, bibliographie critique des ouvrages savants, compte-rendu des “nouvelles découvertes qui se font dans les arts et les sciences” .
    Il connaît un succès rapide avant d’être pris en charge par les académies et la bibliothèque du Roi.

    - Encyclopédie de Diderot et d'Alembert
    ...il n'en est pas moins certain que la ferrure est en ufage parmi nous. On ne sait si cette pratique étoit générale chez les Romains. Fabretti, qui prétend avoir examiné tous les chevaux représentés sur les anciens monumens, sur les colonnes & sur les marbres,
    déclare n'en avoir jamais vû qu'un qui soit ferré.

    - Bonnets, Petases, Chapeaux
    Différents chapeaux expliqués par la sculpture dans la Galerie Justinienne et d’après Fabretti.

    - Langue française
    Les Celtes, originaires de l'Asie, s'appelaient Gail ou Gael, et de ce mot les Grecs ont fait Keltes, et les Romains Galli.
    L'Alphabet Gaulois tiré de Fabretti.

    - Biblioteca Augusta
    Anche qui, come negli Acta Eruditorum, sono recensiti libri di argomento vario di autori importanti: libri teologici, fisici e medici, matematici (algebra, geometria), storici e geografici, filosofici e psicologici (Fabretti).
    Pendant la République Romaine, les citoyens les plus pauvres ont été aidés par des distributions publiques de maïs,
    d’huile et d'argent, appelées CONGIARIUM.

    Ces distributions n'étaient pas destinées qu'aux adultes : l'empereur Nerva fut le premier qui en fit bénéficier les enfants,
    et Trajan ordonna d’en faire chaque mois aux orphelins et aux enfants
    des parents démunis. Ces enfants se sont appelés
    Alimentarii Pueri et Puellae.

    Des fragments intéressants trouvés chez Velleia, près de Placentia, nous ont appris les sommes qui ont été ainsi distribuées.
    Ce système a continué sur une plus grande échelle sous Hadrien et Antoine,
    a cessé sous Commodus et Pertinax,
    puis a repris sous Alexander Severus, avec le nom de Mammaeani en l'honneur de la mère de l'Empereur.

    Nous apprenons, d'un décret de Hadrien, que les garçons bénéficiaient de ces avantages jusqu'à dix-huit ans,
    et les filles jusqu'à quatorze, et, d'une inscription (Fabretti), qu'un garçon
    de quatre ans et sept mois reçu neuf fois
    la distribution mensuelle ordinaire de maïs.

    - Mesure du liquide
    Mesures de liquide Romaines expliquées par divers récipient en bronze de la collection Foucault et d'après Beger et Fabretti.

    - La Pierre de Chardavon (Alpes Haute-Provence)
    Sur quelques inscriptions, les mots sont séparés par des signes en forme de cœur.
    On a prétendu que ces cœurs percés étaient un signe d'affliction et de douleur ; d'après cela le Père Papebroch a voulu regarder
    comme un monument païen la pierre tumulaire qui couvrait le tombeau
    de Ste Argyris, parce que les mots qui composent
    son inscription sont séparés par des ornements, ainsi que l'a très bien démontré Boldetti, et que le prouvent un grand nombre d'inscriptions rapportées par Reinesius, Fabretti, et par lui-même, sont communs aux inscriptions païennes
    et aux inscriptions chrétiennes.

    Le long de la petite route qui conduit de la vallée de la Durance au plateau de Chardavon, puis aux hauteurs du Dromon,
    est gravée sur la face d'un rocher connu sous le nom de peira escricha,
    pierre écrite, une inscription antique, la plus considérable,
    la mieux conservée et une des plus précieuses que les Romains ont laissées dans notre pays.

    Elle rappelle la carrière et la générosité d'un très haut fonctionnaire, Claudius Postumus Dardanus, prêteur des Gaules en 412-413,
    qui après une longue carrière civile, s'est retiré avec ses familiers
    dans ce coin reculé, où il avait une propriété au nom inspiré
    de l'ouvrage de saint Augustin, avec qui il était en correspondance : locus cui nomen Theopoli est, "La Cité de Dieu".

    Il avait doté ce domaine d’un accès viable en faisant élargir le passage, facilitant la communication de Théopolis avec la vallée
    de Segustero, d'une enceinte et de portes "pour la sûreté de tous"
    et probablement d'une église. Il faut imaginer cette citée
    en amont de l'inscription, gravée au point le plus étroit du défilé rocheux, sans doute sur le plateau de Chardavon.

    "Claudius Postumus Dardanus, patricien, ex-consulaire de la province viennoise, ex-prêteur des Gaules, et Nevia Galla son épouse, ayant fait couper les pans de la montagne de chaque côté, ont procuré un chemin viable au lieu dont le nom est Théopolis,
    lieu qu'ils ont fortifié par des murs et des portes ; le travail, fait dans leur propriété particulière et destiné à servir à la sécurité
    de tous,
    a été exécuté avec l'aide de Claudius Lepidus, compagnon et frère du sus-nommé."

    - Les ruines de Pompei
    Chez les anciens, chacun adoptoit une divinité familière ; les hommes avoient des génies, et les femmes des Junons. (Voyez Pline, lib. Il, cap. 4). Le nom de cette déesse se voit dans plusieurs inscriptions avec cette attribution. (Voyez Fabretti, cap. II, 71, pag. 74).

    Pompéi est un village de pêcheurs, au sud-ouest de Naples, sur une petite colline près d'un cours d'eau, le Sarno.
    Les Grecs s’y installent au VIIe siècle, puis les Étrusques en 470, les Samnites vers 425,
    et la ville devient colonie romaine en 80.
    Dotée de nombreux monuments, résidence d'été de riches Romains, elle est endommagée par un premier tremblement de terre
    en 62 ou 63 après J-C,
    et ensevelie sous les cendres du Vésuve le 24 août (ou novembre) 79, en pleine reconstruction.
    Exceptionnellement préservée sous la couche de lave et de pierres, cette cité antique de Campanie est un remarquable témoin
    de sept siècles d'histoire.

    En 1748, à l'instigation du roi de Naples, les fouilles commencent. Elles révéleront la décoration d’édifices publics
    et demeures privées, l'abondance et la qualité des fresques et mosaïques,
    l'urbanisme (murailles, îlots rectangulaires, forum, tribune, salle du conseil, basilique, marchés, statues, thermes, amphithéâtre, villas ne dépassant pas deux étages), la vie quotidienne économique et sociale (vigne, artisanat, auberges, cabarets, lupanars, entreprises de transport).
    La cité abritait environ 10 000 habitants sur 40 ha construits.

    - Savantes recherches sur le canal souterrain creusé sous le règne de Claude pour l'écoulement des eaux du lac Fucin

    Claude (Lyon 10 av JC - Rome 54) Empereur romain.
    Chétif et laid, maladif, gauche et timide, de caractère faible, rejeté par sa famille (“une erreur de la nature, un être incomplet, seulement ébauché” aux yeux de sa mère !), il se consacre aux études (littérature, grammaire...), encouragé par sa grand-mère.
    Nommé Empereur par la Garde Prétorienne après l’assassinat de Caligula en 41, gauche, timide, indécis, il envahit
    la Grande -Bretagne en 43, annexe une partie de la Palestine,
    contrôle le Royaume d’Arménie, franchit le Rhin en 51
    et fonde la colonie d'Agrippine (Cologne), pacifie les rives du Danube.

    Il centralise l’Administration, réforme la Justice, promulgue des lois humaines en faveur des petits et faibles
    (assimilation du meurtre de l'esclave à un homicide, amélioration de la condition juridique
    de la mère de famille),
    assure la Police de Rome, règle le commerce des grains, étend le Droit de Cité, lance de grands travaux d’urbanisme
    (deux nouveaux aqueducs, l'Aqua Claudia et l'Anio novus,
    travail énorme de 5 millions de sesterces, réfection-désensablement
    du port d’Ostie aux embouchures du Tibre, avec deux immenses jetées lancées en pleine mer et éclairées d'un phare
    pour former une rade artificielle, lac Fucin asséché).
    A l'intérieur, il noie dans le sang les conspirations et tentatives d'usurpation, d’où sa réputation de cruauté.
    Mais il se laisse dominer par les femmes. Déjà été marié deux fois, quand il épouse la célèbre Messaline, femme sans pudeur
    qui pousse l'audace jusqu'à épouser sous les yeux de son mari son amant,
    un noble romain. Claude la laisse assassiner par Narcisse. L'année suivante, en 49, il épouse sa nièce Agrippine dont il adopte le fils, futur Néron.
    Il meurt en 54, au cours d’une maladie, empoisonné par sa femme, par l’intermédiaire d’une empoisonneuse, Locuste,
    qui empoisonne un plat de champignons, son mets favori.

    Il a composé une Histoire des Carthaginois, une Histoire des Étrusques, une Apologie de Cicéron, ses Mémoires en latin ou grec.

    Lac Fucin
    Situé dans le Lazio, au milieu des Apennins, le lac Fucin est sujet à d'extraordinaires crues menaçant 13 000 habitants répartis
    dans 13 villages. Pour l’assécher, Claude fait couper la montagne
    et creuser un canal de 3 500 pas le reliant au fleuve Lyris :
    11 ans de travaux de 41 à 52, 30 000 ouvriers.

    Avant de l'assécher, il y organise un combat naval. Quand les combattants crient "Salut, Empereur, ceux qui vont mourir
    te saluent", il répond : "Peut-être !"

    Après cette parole résonnant comme une grâce, plus personne ne voulant combattre, Claude se demande s'il les fait périr par le fer
    ou le feu, se lève, fait le tour du lac d'un pas chancelant et ridicule, tantôt menaçant, tantôt exhortant et les décide à combattre.

    Deux flottes, l'une sicilienne, l'autre rhodienne, de 12 trirèmes chacune (19 000 hommes), s'élancent l'une contre l'autre
    au son de la trompette d'un triton d'argent surgi au milieu du lac .

    L’Empereur, en brillant manteau militaire, et Agrippine en chlamyde tissue d'or, président au spectacle.
    Les rives, les collines se remplissent d'une multitude venue des municipes les plus proches et de Rome même,
    poussée par la curiosité.

    - Mémoire sur la topographie du Latium
    Le Latium, région historique d’Italie centrale, en bordure de la mer Tyrrhénienne, habité depuis le IIe millénaire par les Latins,
    subit la domination étrusque. Pour lutter contre celle-ci,
    une trentaine de cités forment la Ligue latine. Au IVe siècle av. J.-C.,
    Rome soumet le Latium et les habitants deviennent citoyens romains.

    Drainé par le Tibre au nord et le Garigliano au sud, cette région fascinante -qui s’ouvre dans un alignement nord-ouest sud-est
    de collines volcaniques enserrant de magnifiques lacs de cratères (Bolsena), s’appuie à l’est sur les hauteurs calcaires
    de l’Apennin central (Terminillo 2213m) aux pentes éboulées, et ourlée de lagunes, s’étire en plaine littorale marécageuse-
    offre une grande variété de paysages : vastes plages, grandes pinèdes, monts, collines douces et plaines étendues,
    riche en monuments artistiques elle évoque une longue histoire extraordinaire.

    Tarquinia, Cerveteri e Tuscania, des nécropoles et musées rappellent l’ancien peuple mystérieux des Etrusques
    (VII-VIe siècle av. J.-C.) qui a dominé l’Italie centrale avant l’ascension de Rome
    dont les témoignages et ceux des époques successives sont nombreux dans les cinq provinces et chefs-lieux, Rieti, Viterbe, Latina et Frosinone (parc national des Abruzzes) :
    la Villa Adriana splendide et somptueuse de Tivoli (où se trouve également la Villa d’Este datant de la Renaissance), le Palais Barberini du XVIIe siècle de Palestrina et la Cathédrale d’Anagni.
    Le caractère grandiose de la religiosité romaine s'y projette en dehors de Rome : Abbayes du Mont Cassin, de Casamari,
    de Fossanova et monastères de Subiaco, lieux chers à Saint Benoît de Nursie.

    - Véies (vé-i)
    Cité étrusque abandonnée après l'Antiquité, dans l'oubli jusqu'à sa redécouverte au XVIIe siècle par Raphaël Fabretti,
    se trouve près du petit village d'Isola Farnese, à la frontière sud de l'Étrurie,
    dans la "campagne falisque", à 16 km au nord
    de Rome. Puissante cité étrusque, considérée comme la plus riche des villes de la Ligue, réunion de douze cités étrusques
    en dodécapole,
    en guerres incessantes avec Rome pendant plus de quatre siècles, elle tombe aux mains du général Camille
    en -396 après un siège de dix ans.

    * IXe s av. J.-C. : Âge du fer, premières traces, apparition de la civilisation étrusque
    * VIIIe s : Inhumation entre des dalles de pierres formant un sarcophage rudimentaire. Urnes-cabanes en bronze laminé.
    Objets en bronze, céramique d’impasto de formes grecques.

    Armes et boucles de ceinture décorées de motifs géométriques raffinés orientalisant. Maisons de pierre
    * VIIe-IVe s : Guerres avec Rome (-396)
    * -390 : Premier affrontement entre Celtes et Romains. -388 : Prise et sac de Rome par le Gaulois Brennus. Marcus Manlius Capitolinus, alerté par les oies, sauve la citadelle du Capitole.
    Pressé par la famine, les Romains capitulent. Le tribun Sulpicius offre mille livres d’or à Brennus en échange de son retrait.
    Les poids des Gaulois sont pipés, Sulpicius conteste,
    Brennus ajoute son épée sur la balance (Vae victis !)

    - Vestiges des fondations du temple-sanctuaire de Portonaccio lié à la présence d'une source, à l'extérieur des murs de la ville,
    sur un replat dominant un petit cours d'eau, bâti au VIe s av. J.-C..

    La célèbre statue en terre cuite de l'Apollon de Véies, exposée au musée de la villa Giulia à Rome, y a été découverte en 1916
    - Tumuli et tombes, creusés dans la roche, notamment la grotte Campana, chambre funéraire découverte en 1843, qui révéla
    les premières fresques étrusques connues

    - Tombe des canards (tomba delle anatre), découverte en 1958, remarquable par son ancienneté, -680/-670. Elle doit son nom
    à la fresque située sur la paroi du fond de la chambre funéraire

    - 31 mai 2006, découverte à Grotta Gramiccia de la plus ancienne tombe étrusque peinte connue à ce jour, VIIe s -690/-680.
    Un corridor mène à une pièce basse carrée qui présente sur ses murs
    deux niveaux de fresques murales, des oiseaux aquatiques
    ou migrateurs en partie supérieure et des félins ou lions, gueule grande ouverte et attitude menaçante, en partie basse,
    d'où le surnom
    de tombe des lions rugissants. La tombe est certainement celle d'un prince ou personnage de rang social élevé incinéré. Mobilier intéressant, céramiques, fibules, bijoux, épée et vestiges d'un char de guerre à deux roues présentant
    des motifs décoratifs dans le couloir

    De longs tunnels mènent jusqu'à un tertre de la ville.

    En 1997, la région du Latium a créé le Parc Naturel Régional de Véies, 15 000 ha de plateaux en tuf, canaux d'irrigation,
    pentes recouvertes de bois touffus, éléments caractéristiques de la structure géomorphologique de l'Étrurie méridionale.

    Lettre sur la Lex regia

    Sonnets (ouvrages de Crescimbeni)

    Observations sur l’âge du manuscrit de la Bible (bibliothèque des moines de Saint- Paul , à Rome)

    Inscriptions latines sur des monuments de Rome

    Légendes de médailles d'Innocent XI, Alexandre VIII et Innocent XII

    ... tous les gladiateurs n'étaient pas de condition servile, il y en avait de l'ordre des chevaliers

    ... la ville de Parme s'appelait anciennement Julia Chrysopolis

    BIBLIOGRAPHIE
    "Vita di Raffaello Fabretti Urbinate" Giovanni Mario Crescimbeni (1663-1728) - 1708, d’après une oeuvre de l'Abbé urbinate Domenico Riviera

    L'abbé Marotti, dans Viine illustrium Italorum, d’Ange Fabroni

    Opere varie italiane e francesi - Ennio Quirino Visconti, raccolte e pubblicate per cura del Dottor  Giovani Labus - MDCCCXXX

    Mario Luni
    RAFFAELLO FABRETTI "ARCHEOLOGO" URBINATE
    PRINCIPE DELLA ROMANA ANTICHITÀ
    Urbino 2000 - Contributi di Franco Negroni - Editore Accademia Raffaello
    Acclude la ristampa anastatica della "Vita di Raffaello Fabretti Urbinate", a cura di Domenico Riviera e Giovanni Mario Crescimbeni.
    Editore Accademia Raffaello

    Danilo Mazzoleni (a cura di), Raffaele Fabretti, archeologo ed erudito. Atti della Giornata di Studi, 24 Maggio 2003, Pontificio Istituto
    di Archeologia Cristiana, Città del Vaticano, 2006, ISBN 8885991408

    http://www.treccani.it/

    LES PAPES – CHRONOLOGIE
    Paul V                    1605    1620 naissance de Raffaele
    Grégoire XV         1621     1622 naissance d’Adrien Auzout
    Urbain VIII          1623     naissance de Pascal - 1626 naissance de Christine de Suède - 1630 Miserere d’Allegri -
                                                 1636 Raffaele passe son doctorat - 1639 Basilique de Rome, Vendredi Saint, première du Miserere -
                                                 1642 mort de Galilée
    Innocent X            1644    1646 naissance de Leibniz - (Raffaele revient d’Espagne) - 1650  mort de Descartes -
                                                 1652 mort de Gregorio Allegri (1582)
    Alexandre VII       1655    arrivée de Christine à Rome - 1656 épidémie de peste - 1662 mort de Pascal
    Clément IX            1667    1668 Adrien Auzout part en Italie
    Clément X              1670   1674 création de l’Accademia Reale
    Innocent XI           1676    Raffaele est vicaire - 1680 De aquis... - 1683 De Columna...
    Alexandre VIII      1689    mort de Christine - 1690 visite de Leibniz - collection d’inscriptions
    Innocent XII         1691     Raffaele garde les archives secrètes du “Vatican” - 1699 Inscriptionum...  - mort d’Adrien Auzout
    Clément XI            1700    mort de Raffaele

    Le Miserere d’Allegri
    Basilique de Rome, Vendredi Saint (crucifixion du Christ) 12 avril 1639. Office des Ténèbres. Urbain VIII et les cardinaux
    sont agenouillés. La lecture des quatorze premiers psaumes de l’Ancien Testament débute, alors qu'une à une on éteint
    quatorze
    des quinze bougies d’un chandelier. Lumière dans l’obscurité, éclairant seule l’office, la quinzième
    est le symbole du Christ dont la mort plongea les hommes dans les ténèbres. Elle est cachée derrière l’autel alors qu'un chœur
    en deux parties (quatre et cinq voix) entame le Miserere de Gregorio Allegri (1582-1652) (concours remporté vers 1630).
    Chaque partie précédée d’une monodie grégorienne, stile antiquo (a cappella "à la manière de la Chapelle",
    sans instruments interdits durant les Offices des Ténèbres) (chœur sans accompagnement instrumental).

    Soudain, le chœur frappe le sol à l’aide de chapelets pour reproduire un tremblement de terre qui chasse les derniers démons.
    Le cierge réapparaît, silence total, la bougie est éteinte, le clergé se retire,
    les autres cierges sont rallumés.
    Manuscrit jalousement gardé par le Vatican qui avait interdit de le transcrire, le jouer ailleurs qu'en ces lieux
    sous peine d'excommunication. Nous sont parvenues une copie "light"
    pour l'Empereur d'Autriche, en 1770 une retranscription
    de mémoire par Mozart âgé de quatorze ans, mais n'incluant pas les ornements baroques qui en faisaient la beauté,
    une copie d’après original, offerte à Napoléon, deux transcriptions, une en 1831 de Mendelssohn, l'autre en 1840 d'Alfieri.
    L'œuvre originale s'est perdue ?

    “Pitié pour moi, mon Dieu, dans ton amour, selon ta grande miséricorde, efface mon péché
    Lave-moi tout entier de ma faute, purifie-moi de mon offense
    Oui, je connais mon péché, ma faute est toujours devant moi
    Contre Toi, et Toi seul, j’ai péché, ce qui est mal à tes yeux, je l’ai fait
    Ainsi, Tu peux parler et montrer ta justice, être juge et montrer ta victoire
    Moi, je suis né dans la faute, j’étais pécheur dès le sein de ma mère
    Mais Tu veux au fond de moi la vérité ; dans le secret, Tu m’apprends la sagesse
    Purifie-moi avec l’hysope, et je serai pur ; lave-moi et je serai blanc, plus que la neige
    Fais que j’entende les chants et la fête : ils danseront, les os que Tu broyais
    Détourne ta face de mes fautes, enlève tous mes péchés
    Crée en moi un cœur pur, ô mon Dieu, renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit
    Ne me chasse pas loin de ta face, ne me reprends pas ton Esprit Saint
    Rends-moi la joie d’être sauvé ; que l’esprit généreux me soutienne
    Aux pécheurs, j’enseignerai tes chemins ; vers toi, reviendront les égarés
    Libère-moi du sang versé, Dieu, mon Dieu sauveur, et ma langue acclamera ta justice
    Seigneur, ouvre mes lèvres, et ma bouche annoncera ta louange
    Si j’offre un sacrifice, Tu n’en veux pas, Tu n’acceptes pas d’holocauste
    Le sacrifice qui plaît à Dieu, c’est un esprit brisé ; Tu ne repousses pas, ô mon Dieu, un cœur brisé et broyé
    Accorde à Sion le bonheur, relève les murs de Jérusalem
    Alors Tu accepteras de justes sacrifices, oblations et holocaustes ; alors on offrira des taureaux sur ton autel”

    LIENS
    - http://fabretti.eklablog.com/
    - De Aquis...    http://www.iath.virginia.edu/rome/fabretti/index.htm
    http://www.archive.org/stream/raphfabrettigasp00fabr#page/n5/mode/2up (consultation)
    http://www.e-rara.ch/zut/content/titleinfo/1626461 (téléchargement)
    - De Columna...    http://www.uic.edu/depts/lib/projects/resources/_iasi/columna.html
    http://books.google.fr/books?id=1zVEAAAAcAAJ&printsec=frontcover&dq=Columna+Traiani&hl=fr&sa=X&ei=MmiuUdTjGZSDhQfcs4DgBA&ved=0CCQQ6AEwAA#v=onepage&q=Columna%20Traiani&f=false (consultation)
    https://archive.org/details/raphaelisfabrett00fabr (téléchargement)


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