• Giovanni FABRETTI

     

    Le fils aîné de Giuseppe, de la “dynastie” des postini, Giovanni Antonio FABRETTI né le 6 septembre 1903 à Nimis,
    pris lui aussi dans la rafle du 29 septembre 44, est dans le même convoi pour Dachau que Bruno Fabretti et Pietro Venerio, cousin et oncle de mon père.

    Ils y côtoient André Verchuren arrivé de Compiègne par “le Train de la Mort” le 5 juillet 44.
    Puis il est transféré à Buchenwald - kommando Gandersheim dans une usine Heinkel.
    Il y meurt le 6 avril 1945.

    Frioul dérive du latin forum Iulii, nom de la cité, ancienne capitale de la région, fondée par Jules César.
    Peuplée par les Vénètes dans la plaine et les Celtes Carni dans les Alpes Carniques, la région est colonisée par les Romains au IIe s av. J.-C., profondément influencée par la culture latine grâce à Aquileia, centre fluvial majeur, quatrième ville
    de l’empire avec plus de 200 000 habitants, capitale de la Venetie et Histrie. Le développement de Cividale et Zuglio
    assure une certaine prospérité. Exposée aux incursions barbares, elle décline à partir du milieu du IIe s,
    et est rasée par Attila. La capitale régionale est transférée à Forum Iulii (fortifiée au cours du Moyen Âge).

    Nemas Castrum, Nimis (Nemus "bosquet sacré"), aux maisons entre vignobles et bosquets, est fortification clé
    de la défense romaine par sa position stratégique sur les voies de communication reliant Cividale...

    où les Lombards créent un duché ; elle devient la ville la plus importante.
    796        Concile concernant la christologie, le mariage et l'observation du sabbat
    955        Incursions slave et hongroise
    Le pouvoir du Patriarcat d'Aquilée s’accroit et contrôle la plus grande partie du territoire
    3 avril 1077    L’empereur Henri IV accorde au Patriarche Sigeard le comté du Frioul avec des prérogatives ducales
    pour sa fidélité au pouvoir impérial

    1420        Il est annexé à la République de Venise
    1499        Invasion turque
    XVIe s    Famines, tremblements de terre, guerres, épidémies
    1516        L’Empereur d’Autriche prend le contrôle du Frioul oriental qui reste autrichien jusqu’à la fin de la Première Guerre Mondiale (l'occidental reste vénitien jusqu’en 1797)
    1648        Vendu par la République de Venise il devient autonome...
    1866        et la région partie intégrante du Royaume d'Italie
    Pendant le fascisme, le Frioul supporte un processus d’"assimilation" comprenant la modification des noms de famille
    et lieux pour des formes plus "italiennes", jusqu’à la détention pour les opposants, est intégré dans l’État allemand,
    intéressé par un débouché sur la mer Adriatique et la création d’un État tampon, séparé du reste de l’Italie.

    Durant l'occupation allemande, 40 à 60 000 Cosaques ayant collaboré avec les Nazis s'y réfugient car Hitler leur a promis la création d'un État Cosaque indépendant.
    S'étendant sur 7 846 km2, bordée par l'Autriche au nord et la Slovénie à l'est, la région se compose de quatre provinces administratives : à l'ouest Pordenone (278 400 h) , Udine (518 852 h) au centre, Gorizia (137 800 h) à l'est
    et Trieste (299 830 h) au sud-est, sa capitale.

    Les 1 300 000 habitants se répartissent en trois langues de la famille indo-européenne : italien (53.5 %), frioulan (43 %), slovène (4.7 %).
    Jusqu’à la moitié du XXe s, le Frioul demeure une terre profondément rurale et très pauvre, d'où une émigration continue vers les États-Unis, Canada, Amérique du Sud, France, Benelux, Pays-Bas, Allemagne, Autriche, Suisse, Royaume-Uni, Roumanie, Afrique du Sud et Australie.
    Son développement débute dans les années 1960 : meuble, industries sidérurgique et alimentaire, réseau de distribution commerciale, industrie lourde, électro-ménager Zanussi-Electrolux à Pordenone (où a travaillé Emilio), tourisme
    (stations balnéaires de Grado et Lignano, sites majeurs de l’Adriatique, centres historiques d’Udine, Pordenone, Gorizia, Aquileia, Palmanova, Cividale, San Daniele, Gemona..., tourisme vert, villages alpins), agriculture, élevage, pêche
    et artisanat (bois et métaux, coutellerie, bijouterie, mosaïques, céramiques...)

    "Mandi équivaut à salut (ciao). La signification se perd dans la nuit des temps : "dans les mains de Dieu", peut-être d'origine préchrétienne "dans les mains des dieux". En langue latine : "la main de Dieu te protège", "longue vie",
    "vas dans les mains de Dieu",
    "que tu restes longtemps (sur cette terre)"...

    Convoi : transport n° 87 parti de Trieste le 2 octobre, matricule 112 873, arrivé à Dachau le 5.

    Dachau : mis en service le 22 mars 1933 près de Munich en Allemagne, Dachau, Quartier Général de la Waffen-SS,
    est organisé comme modèle des camps pour les adversaires du régime, juifs, nazis dissidents, ennemis personnels.

    Ses kommandos fournissent de la main d’œuvre à Messerschmitt, BMW, Zeppelin...
    Activités : Maçonnerie, menuiserie, serrurerie, sellerie, cordonnerie, fabrication de vêtements, boulangerie, boucherie, ferme expérimentale, jardinage, élevage d'angoras, entomologie (étude des insectes), armurerie, extraction de tourbe.
    Le 2 juillet 1944, un convoi, le “Train de la Mort”, parti de Compiègne avec 2 000 détenus français arrive, le 5,
    avec plusieurs centaines de morts.

    29 avril 1945 17 h, “les Américains sont là !”, libération du camp par la 7e armée américaine. 507 000 victimes y périrent.
    André Verchuren naît le 28 décembre 1920 à Neuilly sous Clermont dans l’Oise de parents d’origine belge (Raymond
    et Marie Verschueren).

    Il apprend l’accordéon à 4 ans, fait son premier bal à 6, donne des cours à 12 avec son père qui possède
    une école d'accordéon
    comptant 180 élèves, remporte en 1935 un 1er prix à Bruxelles, en 36 un à Paris et hors concours devient champion du monde en Belgique devant plus de 1 000 concurrents.
    1939 : il fait partie de la résistance en s’occupant de la récupération des parachutistes américains. Arrêté il est conduit
    à Compiègne et le 2 juillet 1944 à 9h15 part dans le “Train de la Mort” pour Dachau, convoi n° 7 909 (2 566 prisonniers,
    1 630 rescapés à l’arrivée).

    Il travaille aux fours crématoires, enfournant les cadavres -ou quasi- comme Bruno à Buchenwald.
    Août 1945 : après 13 mois de captivité, libéré il reprend tout à zéro.
    Il tourne en 1948 avec François Périer, 55 Viviane Romance et Maurice Ronet, 57 Line Renaud, 64 dans un film autrichien.
    En 1951 il est au Moulin Rouge, 55 il reçoit le Prix de l’Académie Charles Cros, 58 un disque d’or (1 000 000 de disques)
    et fait son retour à l’Olympia en 2003 après 10 000 galas et 60 000 000 de disques vendus.
    En 1966 il est présenté au Général de Gaulle.

    Transfert : transport 213, matricule 94 302.

    Buchenwald : 15 juillet 1937, les premiers détenus allemands amenés de Lichtenburg débutent la construction du camp
    de Buchenwald en Allemagne centrale. Les premiers prisonniers furent des communistes et des juifs. Abrités
    dans quelques baraques, défrichant la forêt pendant des années sur une centaine d'hectares, ils bâtissent une véritable ville avec rues, avenues, usines et édifices en dur, les pierres provenant de la carrière. La seule construction de la voie ferrée
    et de la “Route du sang” reliant le camp à Weimar, où l’on entrait par un portail où se détachaient les mots “Jedem das Seine” (“A chacun son dû”), coûta la vie à plus de 10 000 déportés.

    Main d’œuvre pour l’industrie : briqueterie, menuiserie, BMW, Opel, aciéries, AEG (munitions), Messerschmitt, construction aéronautique...
    60 000 détenus meurent sur les 239 000.
    3 avril 1945, les SS reçoivent l’ordre de liquider le camp. D’énormes convois évacuent vers Bergen-Belsen, Dachau, Flossenbürg, nombre de détenus qui périssent au cours des “marches de la mort” ou au terme du voyage,
    mais grâce à l'action de l'organisation clandestine, ils échouent dans leur ultime entreprise d'extermination.

    5 avril, la 4e DB américaine découvrent le kommando d’Ohrdruf.
    11 avril, quelques heures avant l’arrivée des américains, les SS abandonnent le camp aux 25 000 derniers prisonniers.

    Gandersheim : situé dans un ancien monastère de Brunshausen, partie de Bad Gandersheim, ville allemande du Harz,
    près de Brunswick, il devient le 5 octobre 1944 un kommando du camp de concentration de Buchenwald. 620 prisonniers
    de 14 nations, dont plus de 100 italiens, travaillent dans l'usine Bruns-Apparatebau Gmbh, branche
    des Heinkel-Flugzeugwerke, usines d'avions militaires Ernst Heinkel.

    Ils sont évacués les 4 et 28 avril 1945, les SS exécutant le 12 40 prisonniers dans le village voisin de Clus.
    Le monastère existe toujours. Des mémoriaux commémorent les victimes du camp, comme la grande croix de bois marquant l'endroit où les prisonniers ont été exécutés.

    Soldat 8 Rgt. Alpin
    KZ Dachau - KZ Buchenwald - Bad Gandersheim
    Clausthal - Zellerfeld
    Décédé durant la marche de la mort. Munich Bavière - Cimetière d'Honneur Militaire Italien

    Clausthal-Zellerfeld, regroupement de Clausthal et Zellerfeld en 1924, est une ville de Basse-Saxe.
    Extraction minière du fer remontant au XVIe s, abandonnée dans les années 30. L'ingénieur des mines Wilhelm Albert
    y met au point le câble de traction moderne (1831-34) qui supplante cordes de chanvre et chaînes en fer, et permet
    la création des ponts suspendus.

    La gare et les 70 édifices historiques ont été anéantis lors du bombardement aérien du 7 octobre 44, tuant 92 personnes.
    Georg Philipp Telemann (1681-1767), compositeur.

    Janvier 1945, le Troisième Reich voit s'approcher la défaite militaire. Les forces soviétiques avancent en Europe orientale, prêtes à repousser l'armée allemande. Après l'échec de l'offensive surprise allemande à travers les Ardennes
    en décembre 44, les forces alliées vont entrer en Allemagne. L'armée soviétique a rendu publiques les atrocités nazies
    à Maïdanek, libéré en juillet 44. Le chef de la SS, Heinrich Himmler,
    donne l'ordre aux commandants des camps
    de concentration d'évacuer les prisonniers, afin d'éviter qu'ils tombent entre les mains des Alliés et ne fournissent
    des preuves supplémentaires des assassinats de masse. L'évacuation se fait par marches forcées ou "marches de la mort".

    Longues distances, stricte surveillance, conditions hivernales extrêmement dures, maltraitances, ordres d'abattre
    les prisonniers qui ne peuvent plus marcher, froid, faim, épuisement.

    Mais les forces alliées avancent au cœur de l'Allemagne, libèrent des centaines de milliers de prisonniers. Le 25 avril 1945, l'armée soviétique fait sa liaison avec l'armée américaine à Torgau, sur l'Elbe, en Allemagne centrale. L'armée allemande
    se rend sans condition sur les fronts de l'ouest le 7 mai, de l'est le 9 mai 45.
    Le 8 mai est proclamé jour de la Victoire en Europe.

    Avril 1945, 400 prisonniers, encadrés par des SS, quitte Gandersheim, "kommando" satellite du camp de Buchenwald,
    que les Américains s'apprêtent à libérer. Une errance de 300 km en 10 jours, épuisement absolu de ces hommes
    qui ne sont plus que des ombres.

    "Je ne sais pas comment je peux avancer encore, quelle est la limite de mes forces. Je suis deux pieds qui traînent
    l'un après l'autre et une tête qui pend. Si je tombe, c'est le corps qui aura décidé. Moi, je ne sais pas. Ce que je sais,
    c'est que je ne peux plus marcher, et je marche."

    Marcher, surtout ne pas tomber, ceux qui flanchent ne se relèveront pas. "Panique silencieuse" de ces vagabonds faméliques qui risquent d'être fusillés s'ils ralentissent. "La rafale. Toujours la même chose, personne ne se retourne. Ils vont peut-être tous nous tuer, mais tant qu'il en reste, la colonne existe et elle marche, le dos courbé. Il n'y a rien d'autre à faire."
    Janvier 45, 700 000 prisonniers dans les camps nazis. Quatre mois plus tard, au moment de la capitulation allemande,
    450 000 survivants des "marches de la mort".

    Les SS furent loin d'être les seuls à exécuter. Soldats en déroute, policiers, militants locaux du parti nazi, maires,
    simples villageois se transformèrent en meurtriers d'un jour. "Population inquiète pour son avenir, qui tendait
    une oreille attentive à tous les récits d'atrocités perpétrés par un ennemi qui se rapprochait chaque jour davantage".


    Munich (Waldfriedhof) - Cimetière d'honneur militaire italien.
    35 000 m2. 1 790 soldats italiens tombés pendant la Première Guerre mondiale, 1 459 pendant la Seconde,
    déplacés de plus de 300 sites
    dans le sud de la Bavière, le Bade-Wurtemberg et le Wurtemberg.
    Tombes individuelles indiquées par des pierres avec plaque de bronze gravée.


    Arrivé à Aubergenville -où il habite Quartier de la Gare- le 24 avril 1929, il travaille un an chez DUGAT comme maçon, vraisemblablement avec mon grand-père, et demande sa carte le 18 août 1934.
    Rentré en Italie, il se marie avec Maria PASCOLO, adopte Idalia - Gemma née en 1928, a une fille Giuseppina
    (qui se mariera avec un VIZZUTI) le 10 mai 1939.

    Cinq ans et son destin va basculer...

     

        Giovanni FABRETTI

    Giovanni FABRETTI


         


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