• Argentine : l'immigration (1880-1920)


    Fin 19e siècle, des millions de personnes abandonnent l'Europe par excès de main-d'œuvre rurale causé par la technicisation agricole.
    L'Argentine est le pays qui a la plus grande proportion d'étrangers par rapport à sa population.
    En 1914, le tiers des habitants et la moitié de Buenos Aires sont étrangers.
    Face aux facteurs de flux européens : bas salaires, crises politiques et sociales, guerres, l'Argentine offre du travail,
    des salaires plus importants.
    L'information est fournie par des agents du gouvernement, compagnies de colonisation ou de navigation, relations avec des parents,
    amis et voisins.
    L'Argentine se modernise. L'exploitation des ressources, afin de satisfaire les demandes du marché extérieur,
    requiert une main-d'œuvre abondante, que ne peut fournir la faible population.
    Le gouvernement développe alors une politique d'immigration :

    - La Constitution de 1853 garantit justice, paix, bien-être et liberté à tous les hommes du monde voulant habiter le sol argentin ;
    l'article 20 assure aux étrangers tous les droits civils ; l'article 25 favorise l'immigration européenne
    qui ne pourra être restreinte ou limitée...

    - Il offre l'avance du transfert, le logement par cinq jours dans des hôtels, maisons ou l'octroi de terres et d'aide pour obtenir
    du travail ;
    ouvre des agences de "publicité" en Europe ; crée la Loi Immigration et colonisation ou Loi Avellaneda en 1876.

    Les immigrants sont des hommes adultes, seuls, avec la promesse de retourner ou d'envoyer l'argent nécessaire
    pour transférer la famille. L'immigration se fait aussi en chaîne, un parent proche incitant un nouvel immigrant à franchir l'océan.

    L'immense majorité provient d'Italie, Espagne et France :
    1869 - 1895, italiens et espagnols constituent 70% des immigrés, français, russes, autrichiens et hongrois, les 30% restant.
    1895-1914, les Espagnols représentent 41%, avec les italiens, 77%, en partance de Gênes, Trieste, Naples, le Havre, Bordeaux, Hambourg et des ports espagnols.
    On estime qu'entre 15 et 25 millions d'argentins, 40 à 65% de la population, ont des ancêtres italiens.
    L'émigration massive est une affaire très lucrative pour les compagnies de navigation. Les armateurs obtiennent
    de bas coûts de transport
    en réduisant l'équipage, en offrant des conditions précaires : mauvais repas, espaces réduits...
    L'arrivée à Buenos Aires se fait dans un complexe de pavillons, construit en 1906 : débarquement, mise en place, administration,
    service médical, logement, transfert.
    Un hôtel clair et aéré (4 étages de 4 dortoirs de 250 lits soit 4000 personnes) offre café au lait, maté cuit à l'eau
    et pain de la boulangerie
    au petit-déjeuner, potage abondant, viande, pâtes, riz à midi dans une salle à manger de 1000 places,
    goûter pour les enfants
    à trois heures de l'après-midi, dîner à six, dortoir à sept. Le logement est gratuit par cinq jours.
    Les colons s'engagent à exploiter les terres, les habiter et les rendre productives pendant une période de 2 à 10 ans ;
    en échange, le gouvernement ou le propriétaire répond aux nécessités la première année (outils, animaux, aliments,
    argent
    pour les objets indispensables, semences...)
    Le logement le plus courant est le conventillo, espace collectif, ou des maisons pour location. Mais l'augmentation des loyers
    a donné lieu à des conflits (loyer mensuel 5.80 $, salaire moyen 2.50 $ en 1887)
    La construction des infrastructures de transport, le frein et la baisse des prix, permettent la vente de lots de terre
    à des conditions
    très avantageuses, et beaucoup d'immigrants construisent leur propre logement, d'où sociabilisation, écoles, commerces...

    Clair, didactique... trop beau ? D'autres sites pondèrent le tableau :

    Statistiques officielles : 3 000 000 d'immigrés italiens, 1 300 000 retours.

    Hommes sans qualifications, paysans. Espoir, déception cruelle.

    Les terres sont rares et arides, les immigrants réduits à deux conditions : gauchos, ouvrier agricole itinérants pour basses besognes,
    ouvriers peu qualifiés, parqués dans les faubourgs de Buenos Aires.
    Les émigrants arrivent des principaux ports Européens -Marseille qui assure les départs via Gênes, Trieste et Naples des Italiens,
    Bordeaux des Basques Français, via Bilbao des Basques Espagnols, et tous les grands ports du Nord, Le Havre, Hambourg-
    dans des conditions pénibles : espaces réduits, hygiène déplorable, nourriture parcimonieuse, simples entreponts
    sommairement aménagés, entassés, deux fois plus de passagers qu'autorisé.

    Le Paquebot "Cité de Turin", assurant la liaison Gênes - New York, note 45 décès sur 600 passagers ! ...

    Mon grand-père y était. Voyons ce que donnent la synthèse des sites et mémoires :

    Anibale (Emilio mon nonno) 39 ans marié nationalité italienne d'Udine tailleur de pierre arrive  le 21 septembre 1927 de Gênes
    sur l'America,
    après 33 jours de traversée, 11 000 km, probablement avec son frère Giovanni graveur sur pierre,
    car les dates coïncident, septembre ou octobre 1927.

    "j'avais 7 mois" (sa fille Emilia).

    Mais aucune trace dans les archives.

    Puis :

    - Pedro (Pietro) 21 ans nationalité Neuman (nom de sa mère) et son frère Emilio 18 ans nationalité italienne agriculteurs
    partis de Naples, le 25 octobre
    sur le Belvédère (fils de son frère Pietro Micca)
    - Luigi d'Udine né en 1901 marié mécanicien  le 04 octobre 1928 de Gênes sur le Giulio Cesare (fils de son frère Felice)
    - Luigi de Nimis né en 1902 célibataire mécanicien,  le 03 février 1931 de Gênes. Villes : Udine–Nimis, naissance 1901–1902,
    marié-célibataire,
    est-ce le même qui aurait perdu sa femme et fait un aller-retour pour préparer le voyage de sa fille ?
    - Libera d'Udine née en 1921 écolière, le 10 septembre 1931 de Gênes par le Conte Rosso
    - Maria IOB née en 1907 à Rivignano, le 05 décembre 1936 par l'Augustus (fille de sa soeur Cesira)

    "Il résulte que Cesira n'a jamais été en Argentine. De son mari nous ne savons rien. Cesira est morte au Frioul à Rivignano,
    nous ne savons pas quelle année. Lorsque elle est morte, ses fils étaient déjà en Argentine (nous ne savons pas
    à partir de quelle année).

    Sa fille Marie est restée au Frioul pour assister sa maman. Après sa mort elle est partie pour l'Argentine,
    où elle est devenue sœur (nonne)". (zia Elida)

    Cesira (02/09/1880) serait donc morte en 1936.
    Expulsion de Pietro et Emilio le 30 octobre 1937 et mort de Giovanni en 1938 ou 39. Je relie ces événements, le lien "politique"
    me semblant hautement probable.

    Zones d'ombre :
    - Qui a incité, motivé mon grand-père à émigrer ? La recherche de travail, pour la motivation. Est-il parti de lui-même,
    par l'intermédiaire d'une "agence", ou sur l'incitation d'un parent là-bas, on ne sait pas. Cesira n'y est pas allée.
    - Emilio n'a pas pu contacter Pietro, arrivé 34 jours après (21/09 - 25/10), puisque la traversée est de 33, et parti de Naples.
    Peut-être son neveu Luigi ? Possible.
    - Il est revenu avant le départ de Libera (l'a-t'il aidée), et de Maria (mort en France en 1935). Qui a accompagné l'écolière de 10 ans ?
    On ne peut pas supposer qu'elle ait fait le voyage seule !
    - La famille s'est-elle retrouvée à Buenos-Aires ?

    Dans le cadre du 7e Sommet Union Européenne-Brésil, un accord a été signé, le lundi 24 février 2014, pour déployer
    un câble sous-marin en fibre optique
    entre les deux continents. Il joindra, en 2015, Lisbonne - Portugal, à Fortaleza - Brésil.


    Tags Tags : , , ,