• Accendino



    Grâce au 'forum Bertotti', un coin du voile se lève sur l’énigme du briquet, seul objet de ma famille qui me soit parvenu.


    “Salut, ce devrait être un briquet militaire fin 1800 début 1900, typique des ateliers austro-hongrois,
    naturellement pas pour de simples militaires
    mais des officiers (jamais eu de militaires dans tes ancêtres ?),
    même si certains, pour des actions particulières de valeur, étaient récompensés
    par l'armée royale avec de petits bijoux.
    Tu devrais demander qui a fréquenté la zone frontalière pour en savoir un peu plus.”


    L’identité de l’Autriche, habitée dès l’âge de pierre, se forge au cours du temps par l’invasion celte, la fondation de Vienne
    et Salzbourg en 113 av JC
    par les Romains,  l’installation des peuples germaniques du IVe au VIe siècle ;
    le territoire, intégré au Royaume Franc, devient sous Charlemagne en 996 “Osterreich” (Royaume d’Orient).
    Saccagé au Xe siècle par les Hongrois, il est reconstitué par Otton le Grand en 955.

    Rattaché à la Bavière, duché héréditaire -capitale Vienne- il est divisé en 1246 en deux régions, l’Autriche et la Styrie.
    Le Roi de Bohème attaque mais est battu en 1278 par Rodolphe de Habsbourg, descendant d’une famille suisse-alsacienne, élu en 1273 Empereur du Saint Empire Germanique qui, en 1519
    sous Charles Quint, comprend les Pays-Bas, Flandre, Artois, Franche-Comté, Aragon, Navarre, Sardaigne, Sicile, Naples, Castille, Amérique espagnole, plus en 1526
    Bohème et Hongrie !

    Réforme contre les protestants, guerre de trente ans (1618-1648), lutte contre les Turcs en 1529 et 1683.
    Joseph II, Empereur en 1765, déclare Vienne seule capitale, fait de l’allemand la langue officielle, développe le commerce
    et les manufactures, abolit le servage, est tolérant envers les protestants, expulse les Jésuites.

    Tchèques, Hongrois, Belges et Italiens se soulèvent. L’Autriche cède en 1805-1809 la Vénétie, Trieste, la Dalmatie,
    la Croatie à la France, le Tyrol,
    le Trentin à la Bavière, mais retrouve en 1815 le Tyrol, Salzbourg, la Lombardie, la Vénétie.
    En 1806, sous la pression de Napoléon 1er, les Habsbourg changent le titre symbolique d'Empereur du Saint Empire Romain Germanique en Empereur d'Autriche, et recouvrent les possessions héréditaires d'Europe Centrale
    sur lesquelles ils exercent une autorité réelle.

    Le 8 février 1867, l'Empire Autrichien cède la place à une double monarchie austro-hongroise, nouvel état appelé
    Autriche-Hongrie,
    union de deux pays indépendants, l'Empire Autrichien proprement dit et le Royaume de Hongrie, simplement unis par allégeance à un même souverain, François-Joseph 1er, moins connu aujourd'hui que sa femme Elisabeth “Sissi”, princesse bavaroise à l'opulente chevelure.
    Ainsi, la création de l'Autriche-Hongrie est l'aboutissement d'un très long processus historique qui débute au XIIIe siècle
    et permet à une famille
    issue du modeste château des Habsbourg en Suisse, de dominer toute l'Europe Centrale
    par de fructueuses alliances matrimoniales, régner sur les Pays-Bas, l'Espagne et ses colonies d'outre-mer
    pendant quelques décennies sous Charles Quint, Archiduc d'Autriche, Roi d'Espagne et Empereur d'Allemagne !

    Après son règne tourmenté, les Habsbourg se recentrent sur leur combat traditionnel contre les Turcs qui menacent
    les peuples chrétiens du bassin du Danube.

    En 1866, suite à la défaite de Sadowa face à la Prusse, l'Empereur renonce à ses dernières prétentions sur l'Allemagne
    et l'Italie. Il choisit de s'intéresser désormais à ses peuples, et, sous l'influence de sa femme sensible au charme
    des nobles hongrois, transforme ses états en une confédération bicéphale
    où Autrichiens de langue allemande et Hongrois se partagent le pouvoir sur le dos des Tchèques et Slaves du sud. Quelques mois après la signature, François-Joseph
    et Élisabeth ceignent à Budapest la couronne de Saint-Étienne, Saint-Patron et premier Roi de Hongrie.

    La Hongrie devient royaume indépendant dénommé officiellement Transleithanie d'après la Leitha,
    rivière marquant la limite entre les deux nouvelles entités, avec, autour de sa capitale Pest (aujourd'hui Budapest)
    cœur de la Hongrie historique, la Croatie, Transylvanie, Slovaquie, la région polonaise de Cracovie.

    Les Hongrois de langue magyar représentent à peine la moitié de la population de cet ensemble très divers de Slaves, Allemands, Roumains, gitans, juifs, redevables à la Monarchie des Habsbourg de leur donner la préséance
    sur les autres minorités.

    Le reste de l'Empire Autrichien devient la Cisleithanie, comprenant une majorité d'Allemands autour de Vienne
    et dans les monts Sudètes du nord de la Bohème, ainsi que de fortes minorités slaves et italiennes.

    Les Tchèques, qui se réclament du prestigieux Royaume de Bohème, sont les grands perdants du compromis,
    mais conscients de l'avantage d'appartenir
    à un grand ensemble danubien, placent leurs espoirs dans l'avènement
    d'une triple monarchie.

    Les nobles hongrois, ou magnats, bénéficient de privilèges et d'exemptions fiscales les dissuadant
    de toute ouverture démocratique en Transleithanie.

    Oublieux de la défaite de Sadowa, ils poussent François-Joseph à se rapprocher de l'Allemagne, voyant
    dans une alliance pangermaniste la meilleure garantie contre les revendications autonomistes des minorités slaves.

    Les autres minorités ont l'espoir d'une évolution favorable de leur statut dans le cadre d'une fédération élargie,
    et les tensions s’apaisent durablement
    à l'intérieur de l'Empire. Par sa structure politique très souple, l'Autriche-Hongrie, précurseur de l'Europe actuelle, bénéficie pendant ses cinquante ans d'existence d'un immense rayonnement culturel
    et d'une expansion économique rapide. De Trieste à Cracovie, toute l'Europe Centrale en conserve la nostalgie
    dans son architecture comme dans son art de vivre.

    Mais la double monarchie se fragilise par l'entêtement des magnats refusant tout nouveau compromis
    qui donnerait quelques droits aux Tchèques
    et autres Slaves.
    L'Autriche-Hongrie s'effondre à l'issue de la Grande Guerre, suite à l'agitation des tchèques Tomas Masaryk
    et Édouard Benès, aux revendications territoriales de l'Italie et Roumanie, à l'animosité des dirigeants français
    à l'égard de la monarchie.

    Invoquant le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, le Président américain Woodrow Wilson et Georges Clemenceau Président du Conseil autorisent l'éclatement de la “Mitteleuropa” (Europe Centrale).
    L'Autriche-Hongrie, forte de 50 millions d'habitants, avec une capitale rivale de Paris, Londres ou Berlin, cède la place
    à plusieurs états rivaux,
    arc-boutés sur le mythe de leur identité nationale, linguistique ou ethnique : Autriche, Hongrie, Roumanie, Tchécoslovaquie, Yougoslavie.
    A l'exception de l'Empire, ces états se caractérisent par une aussi grande hétérogénéité de langues, cultures et religions
    que feu la double monarchie.


    L’accendino -qui vient de mon père et...- cache toujours son secret.

    De nouvelles recherches auprès des sites ‘Généalogie photos non identifiées’, ‘Les briquets en reconstitution historique’,
    estampille et photo à l’appui, démontrent que l’accendino est bien un briquet français de 14-18, fabrication courante
    de poilus des tranchées.
    L’hypothèse autrichienne et bisnonno (1848-01/1917) invalidée, comment mon grand-père est-il entré en possession
    de ce briquet ?
    Elida, cousine germaine de mon père, se rappelle l’avoir vu jouer avec, donc avant 1929-30... que la famille vienne en France.
    Quelques clics, une découverte, volet que j’ignorai, ‘Grande Guerre : quand les poilus se battaient en Italie’ !
    Suite à la défaite de Caporetto, 24 octobre 1917, la France envoie, le 31, 130 000 hommes en soutient, chasseurs alpins
    qui s’illustreront au Monte Tomba, 29 décembre, et lors de la ‘Battaglia dei tre monti’, de janvier à juin 1918.
    Hors mio nonno frioulan étant Bersaglier, TRĖS forte probabilité que le briquet, passé d’une main à l’autre, soit revenu
    en France pour y être légalement estampillé... et allumer les pipes de ma courte jeunesse d’apprenti fumeur.